Les journalistes tchadiens dans le collimateur du pouvoir – Apa
Les journalistes tchadiens sont dans le collimateur du pouvoir de N’Djamena, depuis la reprise des hostilités entre les forces gouvernementales tchadiennes et les mouvements rebelles hostiles au régime du président Idriss Déby Itno, a constaté APA sur place.
Le directeur de la radio privée tchadienne FM Liberté, Lazare Djekourninga Kaoutar, activement recherché par les forces de l’ordre, s’est rendu dans la nuit de mercredi à jeudi à la police qui, faute de le retrouver, avait fini par interpeller dans la journée le rédacteur en chef de la radio, Madji Madji Odjitan.
Ce dernier a été finalement relaxé lorsque Djekourninga Kaoutar s’est rendu à la police qui a fermé la station et chassé le personnel.
La fermeture de radio liberté et l’arrestation de son directeur ne sont que la manifestation du durcissement du pouvoir tchadien face à la presse, depuis la reprise des hostilités avec les rebelles, à la fin du mois de novembre 2007.
Avant Djekourninga Kaoutar, c’est le directeur de publication du journal Notre Temps, par ailleurs président de l’Association des éditeurs de la presse privée du Tchad (AEPT), Nadjikimo Benoudjita, qui avait été enlevé à son domicile le 14 décembre dernier par les services des renseignements généraux, avant d’être libéré par le procureur de la République.
Après sa libération, Nadjikimo Benoudjita, poursuivi pour diffamation, a reçu des menaces et son journal a été fermé le 26 décembre 2007. Le journaliste a ainsi été contraint de fuir le Tchad pour se mettre à l’abri dans un pays africain.
Le 24 décembre 2007 à 16h00, c’est le directeur du journal Le Temps, Michaël Didama, secrétaire général de l’AEPT, qui a été convoqué au cabinet du ministre de l’Intérieur en présence du Directeur des Renseignements généraux.
Didama s’est fait très sévèrement remonté les bretelles par le ministre de l’Intérieur pour avoir publié dans son journal un article du Canard Enchaîné faisant état du soutien actif de l’armée française aux forces gouvernementales tchadiennes.
La Directrice de la Radio privée Brakoss, Colette Kemté, et son rédacteur en chef ont aussi eu maille à partir il y a une dizaine de jours avec les autorités de Moïssala, au Sud du Tchad où émet cette radio.
Au cours d’une conférence de presse à la mi décembre, le ministre tchadien de l’Intérieur, Ahmat Mahamat Bâchir avait menacé de « casser la plume des journalistes qui écrivent n’importe quoi ».
Dans un communiqué rendu public le 8 janvier dernier, l’Observatoire de la déontologie et de l’éthique des médias au Tchad (ODEMET) a demandé au gouvernement tchadien de « cesser de battre le tambour de la guerre contre les médias ».
Dans le communiqué signé de son président Ismaël Ben Chérif, l’ODEMET a fustigé le Haut conseil de la Communication (HCC) qui s’est rangé derrière le gouvernement dans la guerre contre les médias indépendants au Tchad.
Le Président du HCC Bob Dedjebé a cautionné l’arrestation du Directeur du journal Notre Temps en signant de sa propre main une plainte contre lui en lieu et place du Chef de l’Etat incriminé dans cet article.
L’ODEMET a rappelé au HCC qu’il tire « sa légitimité des organisations des médias et de l’ensemble des entreprises de presse qui oeuvrent sur le territoire national ».