Les Brèves de N’djaména: Les raisons d’une libération
Moins d’un mois après son arrestation mouvementée, l‘ancien DG/DDI vient d’être relâché ce jour du 18 novembre 2015. C’est un véritable coup de massue pour le citoyen tchadien. Certes, dès le départ, l’opinion publique était sceptique et considérait comme une mascarade tout ce brouhaha fait autour de cette arrestation suivie de son destitution mais au moins on aurait dû faire semblant, ne serait-ce que pour sauver la face et continuer à jouer la mascarade jusqu’à l’ultime conséquence. Pourquoi cette précipitation ? Que s’est-il réellement passé ?
On se rappelle que pour berner l’opinion publique le Sultan avait mis un vernis étatique et administratif à l’arrestation de son cadet et il avait faire croire au monde entier que désormais le balai de l’assainissement passera là où il doit passer ; il avait eu tort ! En multipliant des pressions sur son frère, le Sultan a fait étendre sans se rendre compte les flammes de l’incendie dans toute la concession. La libération de Salay et l’arrivée par avion spécial de la 1ère dame d’une manière concomitante n’est donc pas un fruit du hasard. Le Sultan, qui a l’habitude de prendre très à la légère des choses sérieuses et panique sans pudeur si celles-ci lui provoque un effet de boomerang, n’avait pas suivi la métamorphose de son cadet. En effet la fonction transformant l’homme et les moyens faisant le reste, Salay a en effet grandi, il a appris les B.A BA de l’administration, s’est fait entourer d’une cour comprenant toutes les couches et dans tous les milieux socio-culturels et a noué des relations avec des haut cadres tapis dans l’ombre y compris à l’étranger.
Après son transfert aux R.G et après 48h de torture morale et psychologique, l’ancien DG aidé par des mains invisibles a repris la main. D’abord dès le départ il avait refusé de piper un seul mot au procureur ; ensuite des amis haut placés lui ont conseillé de faire appel à un cabinet d’avocats tchadiens qui sera soutenu à son tour par deux cabinets américain et belge. Dans ces genres de situation il y aurait beaucoup de pyromanes qui voudraient bien attiser le feu non par estime ou amour de Salay mais par dépit au régime. C’est pourquoi il aurait eu un embouteillage auprès du prisonnier pour lui donner des tuyaux.
Ayant retrouvé l’assurance Mr Salay a commencé à parler ; on ne saurait dire si c’était par calcul ou c’était dû à sa propension habituelle, mais le Petit a envoyé des flèches très empoisonnées à son aîné lesquelles flèches ont été prises très au sérieux par le Palais. Le trublion disait qu’il va faire écrouler l’édifice en dévoilant la fortune de tous les voleurs et les lieux de leur stockage ; il a ensuite défié son aîné qu’il n’arrivera jamais à mettre la main sur sa fortune évaluée à des milliards ; selon lui le Sultan pourrait faire main basse sur les matériels visibles (maison, véhicules, jardins. . . .) mais pas de l’argent liquide.
Les termes « avocats américains et belges » ont fait sauter très lourdement d’ailleurs le Sultan de son lit ; comme d’habitude, il a paniqué mais très sérieusement et a commencé à s’agiter dans tous les sens. Ajouter à cela l’attitude de la 1ère Dame qui n’avait pas du tout, selon des sources proches du clan, apprécié l’arrestation de Mr Salay d’autant plus que selon les mêmes sources Salay et Oumar auraient conclu un deal de non-agression avec leur belle-sœur, contrairement aux autres membres de la famille surtout les sœurs, d’où une attitude de respect et d’amabilité réciproques. Il faut se dire aussi qu’en dehors du trio Idriss, Daoussa et Timan, personne n’a applaudi dans la famille l’arrestation de Mr Salay y compris au sein de la famille de la 1ère Dame… Les grognements de Mme depuis Paris, l’évocation d’une éventuelle saisie du dossier par des avocats étrangers et surtout les ronronnements grandissants des parents maternels et ceux des cousins Itno, tout cela a donc provoqué un charivari généralisé. Alors on est revenu à la version initiale du problème c.-à-d. Le petit frère a manqué du respect envers son grand et celui-ci l’a corrigé. Un point barre ; circuler il n’y a rien à cogiter !
Depuis sa libération, l’ancien D.G est un homme choyé, tout N’djamena est devant sa porte, il aurait égorgé plus d’une dizaine des chameaux pour recevoir ses amis. Le 19 novembre,il a commencé par visiter ses nombreuses maisons qui ont été occupées par les forces de l’ordre et les a fait évacuer manu militari. Quant aux chameaux réquisitionnés par les militaires en opération, l’ordre a été donné au Ministre délégué de régler très rapidement la facture, ce qui est tout à fait régulier !
Beremadji Félix
N’djaména – Tchad
Du folklore encore du folklore. Où est la Raison d’État? Est-il une Répiblique ou une Monarchie déguisée ce pays?
Commediante, Tragediante!!!
Feydau n’aurais pas fait mieux…
Au Tchad, la vraie prison est faite pour les fretins, c’est-à-dire les tout petits poissons inoffensifs. Ceux-là n’ont personne pour les défendre et n’ont aucun moyen financier pour se dédouaner. Par contre, pour les gros requins aux dents en acier inoxydable et proches du régime, la prison est une promenade de santé. C’est un tremplin qui leur permet de reculer pour mieux sauter. Leur emprisonnement donne invariablement lieu à un « non-lieu » et les voilà promus (et pas aux moindres postes) au lendemain de leur relachement. Quels crimes financiers, quelle gabégie, quels détournements, quel… quels… quelle… quelles… n’avait-on pas reproché à Kabadi, Annadif, Zen Bada, et autres Djasnabaille et tralala (la liste est très longue). La suite vous la connaissez. Des promotions et des perchoirs assurés à vie. En retour, aujourd’hui leurs voix qui font l’éloge du pouvoir sont plus fortes que celles de ceux qui n’ont pas subi l’humiliation et n’ont pas été traînés dans la boue comme eux. L’arrestation du petit Salay fait partie de ce bluff « normal » auquel on nous a habitués et que nous nous sommes résignés à accepter. C’est du vieux tabac dans la vielle pipe. De la poudre aux yeux des Tchadiens qu’on prend pour des aveugles et des ignares qui ne se souviennent pas des arretations théâtrales du passé. Il n’y a rien de nouveau. Et alors, vous vous étonnez de quoi? Seuls les pauvres inconnus croupissent et meurent en prison. Et la vie continue, comme si de rien n’était.