Peut-on encore douter de la nature criminelle et diabolique de Deby?

Bichara Idriss HaggarAprès la conférence de presse de M. Deby, une véritable mise en scène orchestrée par le régime de N’djamena avec la complicité manifeste du gouvernement français, il apparait de plus en plus, hélas, clair que Deby a bel et bien assassiné Ibni Oumar Mahamat-Saleh, Yorongar N’Garléjy Le Moiban et bien d’autres opposants.

Et par hasard, ce sont ceux-là qui se sont les plus opposés pacifiquement à la politique dictatoriale du régime; ils ont résisté aux multiples pressions extérieures, refusant clairement toute compromission ou solution partielle et rejetant bien d’autres offres alléchantes et empoisonnées.

En effet, après la défaite cuisante de Massaguet, Deby, sentant sa fin proche tenta d’appliquer la dernière phase de son plan diabolique, à savoir : détruire au maximum le Tchad qu’il n’a jamais porté dans son cœur, en décimant le plus des Tchadiens (opposants, collaborateurs, simples citoyens….), en détruisant au maximum la capitale avec ses habitants, en bradant la souveraineté, en dilapidant l’argent et autre bien de l’État….

Deby n-a-t-il pas toujours déclaré à qui voulait l’entendre : « qu’avant de quitter le pouvoir, je laisserai le Tchad, dans un tel état que personne après moi ne pourra le redresser »? Se sentant abandonné même par ses proches, Deby a voulu emporté avec lui dans sa tombe le maximum des Tchadiens. Dans ses calculs macabres et diaboliques, il a décidé non seulement d’éliminer tous ceux qui s’opposent à sa politique dictatoriale et clanique, mais aussi ses propres collaborateurs. La preuve : n’a-t-il pas pris en otages membres du gouvernement, conseillers, hauts dignitaires, hauts gradés…? Il faut dire que ces pauvres messiers ont passé des sacrés et terribles moments de leur vie. Tous ces otages étaient voués à une mort certaine car même s’ils sortaient indemnes des violents combats, Deby les aurait tous exécutés avant de se sauver. Il n’est pas l’homme à se sacrifier pour sauver qui que ce soit. Il a l’âme du psychopathe Jim John, ce chef de secte de la Guyane anglaise qui a empoisonné tous ses adeptes (enfants, femmes et hommes) avant de se suicider.

En vérité, une fois les forces de la résistance se sont repliées hors de la capitale, Deby a envoyé trois équipes de sa milice pour arrêter tous les opposants, surtout les membres de la coalition- CPDC. C’est ainsi que ces escadrons de la mort ont investi les différents domiciles des opposants, tabassant, blessant, arrêtant Ibni, Lol, Yorongar….devant leurs femmes, enfants, parents et devant plusieurs témoins médusés avant de les amener vers une destination bien connue de Deby.

Quoique le chef de N’djamena et ses commanditaires français disent, il ne fait aucun doute pour la majorité des Tchadiens, Ibni, Yorongar, Lol ont été bel et bien enlevés par la garde présidentielle sur ordre de leur maitre. Connaissant les méthodes peu orthodoxes de l’homme de Bamina, surtout après les assassinats successifs, de Bisso Mamadou, de différents journalistes, de Maitre Béidi, Abbas Koty, Laokein, Kéité, Bichara Digui, Acyl, Yacouba Aldharis, Bachar Moussa, de Gueti, de Youssouf Togomi… du dernier nettoyage du Dar-Tama des éléments du Fuc et leur chef Mahamat Nour, agonisant, de l’arrestation du sultan Haroun et ses notables…..tout porte à croire que les deux opposants Ibni et Yoro ont été purement et simplement exécutés dès les premières heures de leur enlèvement.
Une fois que Deby réalisa qu’il n’est encore parti du pouvoir grâce à la France, il s’est rendu compte de sa grosse bévue. Il fallait coûte que coûte trouver une explication, surtout vis-à-vis des Européens pourvoyeurs de l’Eufor. D’où les tournées de sensibilisation en Europe, la cacophonie et les bégaiements lamentables de différents ministres, obligés de monter en première ligne pour tenter de justifier l’injustifiable et l’inacceptable par des mensonges grossiers, montrant ainsi leur profond mépris pour le peuple tchadien.

Comme tous les faits militent contre lui, Deby, affaibli et humilié, sollicita la présence de son sauveur avant de déclarer sans scrupules : «A la suite de cette attaque, il y a eu un certain nombre de problèmes qui se sont posés. Cette attaque a causé la mort de plus de 400 personnes civiles et d’autres portées disparues parmi lesquelles des chefs des partis politiques. Cette attaque a également créé un vide institutionnel pendant 48h… » puis d’ajouter cyniquement : « il y a des décisions qui sont prises parmi lesquelles la mise en place d’une commission d’enquête internationale ». Et sans oublier la mise en scène grotesque et théâtrale du cas de Lol Mahamat Choua, un homme connu pour sa non violence.


Au fond, cette déclaration balbutiante n’est rien d’autre qu’un aveu de culpabilité. Surtout cette tentative maladroite de faire porter le chapeau à l’opposition armée est la preuve palpable que Deby a déjà exécuté Ibni et Yoro, ces deux grands et dignes fils du Tchad. Cette conférence de presse, «cautionnée» par le président Sarkozy, assisté d’Abdou Diouf, secrétaire général de la francophonie et de Louis Michel, représentant de l’UE, n’est organisée que pour mieux faire oublier les nombreuses liquidations extrajudiciaires et les arrestations arbitraires au peuple tchadien.

Mais quoique que le président Deby dise, les Tchadiens savent bien qu’il est le seul et l’unique responsable de l’enlèvement et de l’exécution de ces deux personnalités politiques et bien d’autres citoyens. Et ce n’est pas l’annonce ridicule et pompeuse de la création d’une commission internationale, dirigée par un des illustres sous-fifres qui pourrait établir la vérité. Tout le monde sait qu’au Tchad de Deby, les commissions sont créées pour mieux enterrer les crimes et les scandales. En tout état de cause, ce que Deby doit savoir : Ibni, Yorongar et tous les autres Tchadiens qu’il a assassinés à cause de leurs opinions politiques resteront éternellement vivants dans les cœurs et dans les mémoires des Tchadiens.

Certes, Deby vient d’assassiner Ibni et Yorongar, des hommes de valeur, mais il ne réussira jamais à éliminer les idées de liberté, de justice et de démocratie qu’ils ont semées profondément dans la société tchadienne avec ténacité, courage, patience et abnégation.
Pour que leur sacrifice suprême ne soit pas vain, il ne reste plus qu’aux Tchadiens de tirer des leçons et de prendre toutes leurs responsabilités en prenant part activement à la lutte pour le changement par tous les moyens.


Le Conseil National de Redressement du Tchad (CNR) condamne avec la dernière énergie tous ces crimes, assassinats et arrestations des opposants et particulièrement l’enlèvement et l’exécution arbitraire des frères, camarades et compagnons de lutte d’Ibni Oumar Mahamat Saleh et de Yorongar N’garléjy Le Moiban. Le seul moyen d’honorer leur mémoire et de celle de toutes les victimes du régime est de poursuivre la lutte sans relâche jusqu’à la victoire finale.
Nous avons toujours dit et écrit dans nos différentes interventions qu’il ne peut y avoir de paix ni de stabilité au Tchad tant et aussi longtemps qu’Idriss Deby Itno sera à la direction des affaires de l’État. C’est pourquoi, ni la commission d’enquête prétendue internationale, ni l’exhumation des accords du 13 août 2007 ou autres mises en scène ne peuvent apporter une quelconque solution à la crise politique profonde que connait notre pays. Tous ceux qui prônent de telles approches ne font qu’accorder un sursis au régime dictatorial et une caution aux violations flagrantes et persistantes des Droits de l’Homme au Tchad.
Pour les Tchadiens, la solution réside dans le départ pur et simple de ce criminel psychopathe de la direction des affaires de l’État.

Si le président Sarkozy ou le représentant de l’UE et autres pays veulent réellement contribuer à la réconciliation des Tchadiens (comme ils le déclarent), ils doivent d’abord amener leur protégé à s’asseoir autour d’une table ronde à laquelle prendront part pleinement l’opposition armée, les partis démocratiques et la société civile. D’ailleurs ce ne sont pas les moyens de pression qui manquent à la France ni à l’Europe. Dans le cas contraire, « abandonner les Tchadiens à leur sort et laisser la situation s’aggraver»…

Dr. Bichara Idriss Haggar
Président du CNR


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