Les Brèves de N’djaména : Ce que Deby a dit à Sarkozy
Informé par l’ambassade de France, le Président français était au courant de la liquidation de quelques opposants tchadiens. Les intérêts mafieux entre Deby et certains hommes politiques français valent mieux que la vie de « 400 morts et disparus » tchadiens.
L’entourage du président français était unanime contre l’escale de N’djamena, mais Deby a fait passer le message par ses deux alliés de l’Ambassade : l’annulation de l’escale aura des lourdes conséquences pour nos futures relations, et cela mettra en cause le déploiement de l’Eufor. Et puis Bernard Kouchner qui, selon nos sources s’est payé à travers son bureau d’études, BK Conseil, une grosse enveloppe, pour une mission relative à la politique sanitaire au Tchad, exactement le même travail qu’au Gabon et au Congo et qu’il n’a jamais accompli, a pesé de tout son poids pour ce déplacement. A N’djamena, Deby a demandé fermement au Président français à ce que les hommes politiques français, particulièrement ceux de son gouvernement cessent de s’agiter autour de ce problème et que le dossier est clos. Sarkozy a suggéré alors la mise en place d’une commission internationale. Le dossier est clos, du moins pour Deby et Sarkozy.
Deux poids, deux mesures – Lors des combats de Ndjamena, quatre généraux dont deux proches parents de Deby ont trouvé la mort. Il s’agit du : Gl Daoud Soumaïne, CEMGA, Gl Ziber, ancien responsable du B2, Gl Mahamat Hemiss Djongoss et Gl Youssouf Boy. Trois de ces généraux sont morts sur le champ des combats et le quatrième, le Gl Youssouf Boy a succombé à la suite de ses blessures hors du Tchad. Le Gl Youssouf Boy, cousin direct de Deby, est un homme de la cour, beaucoup plus civil et homme d’affaires depuis l’arrivée du MPS. Mais depuis un an, il a repris du service et participe à des vrais combats. Le Gl Mahamat Hemiss Djongoss est un baroudeur connu, ayant participé à tous les combats que le Tchad a connus, comme soldat, jusqu’à son dernier jour. La disparition de ces quatre généraux a été célébrée de façon diamétralement opposée. Le Gl Daoud Soumaïne, CEMGA, mort aux combats et abandonné, a été enterré à la hâte par les rebelles. Il a été déterré et enterré de nouveau avec les honneurs de la république aux cimetières de Lamadji. Il en est de même de Youssouf Boy, à qui on ne lui connaît aucune responsabilité officielle, et qui a reçu les honneurs de la république et enterré en présence de tout le gouvernement. Tandis que les deux autres, Gl Mahamat Hemiss Djongoss , qui est Commandant de la Région militaire d’Adré et gardien depuis deux ans de la porte de l’Est et le Gl Ziber, ont été enterrés de manière la plus anonyme, sans aucun honneur et sans la présence d’aucun officiel. A la place mortuaire, point de présence d’officiels et même pas les proches de Deby. Ça donne vraiment matière à réflexion !
Spéculation autour de la mort du Gl Youssouf Boy – Deby cherche toujours des problèmes là où il n’y en a pas. Youssouf Boy était avec Deby lors de la bataille de Massaguet ; blessé, Deby, dans sa fuite l’a abandonné. Accueilli par un habitant, il a passé plus de 72h sans aucun soin. Deby qui croyant son cousin mort, l’a vu réapparaître avec la multitude des généraux et colonels qui ont fui dans différentes directions après la raclée de Massaguet. Il a été évacué d’urgence en Egypte par avion spécial, il y décéda quarante huit heures après son arrivée au Caire. Deby, spécialiste des coups fourrés, décida que Youssouf Boy se portait bien et qu’il a parlé avec lui quelques heures avant son décès et que c’est le médecin traitant qui l’a tué par injection fatale, lequel médecin est au service de la rébellion. Sous une colère simulée, Deby décida de rapatriée tous les militaires malades dans les différents hôpitaux du Caire, annula l’évacuation d’autres, et c’est le froid entre les deux pays. C’est du Deby, tout court!
Youssouf Saleh Abbas, Conseiller spécial de Deby et Refugié politique – Certains individus ont quand même du culot, ou plutôt n’ont pas de la pudeur, ou ne connaissent pas ce qu’on appelle la honte. M. Youssouf Saleh Abbas, Conseiller spécial de Deby et Coordonnateur de l’Eufor, garde toujours sa carte de refugié politique en France. En effet, avant qu’il soit récupéré par Deby, il vivait en France avec toute sa famille comme réfugié politique. Selon nos informations, la carte en question expirait ces temps-ci. Le petit malin, donneur des leçons, demanda le renouvellement de sa carte, et la préfecture refusa dans un premier temps compte tenu de sa nouvelle position dans son pays. Le petit malin fut intervenir quelques connaissances et le tour est joué ! Alors, le monsieur est revenu à Paris renouveler sa carte et continuer de bénéficier du statut de réfugié politique. On ne sait jamais par les temps qui courent !
Beremadji Félix
N’djaména