Opposants tchadiens: "Je suis encore en vie pour témoigner" – Afp

L’opposant tchadien Ngarlejy Yorongar, arrivé dimanche à Yaoundé après avoir été porté disparu pendant près d’un mois, a déclaré lundi à l’AFP que sa santé n’était « pas bonne » mais qu’il était « encore en vie pour témoigner » de sa détention au Tchad.

« Ma santé n’est pas bonne, mais je suis encore en vie pour témoigner« , a affirmé le député fédéraliste, joint au téléphone dans la capitale camerounaise depuis Libreville.

« C’est tout ce que je peux dire pour l’instant« , a-t-il ajouté.

Hormis un entretien publié samedi dans le magazine Afrique Education, Ngarlejy Yorongar ne s’était pas encore exprimé publiquement.

D’après son récit et les témoignages de son entourage, il a été arrêté le 3 février par les services de sécurité tchadiens à la fin d’une attaque rebelle ratée à N’Djamena. Il a ensuite réussi à fuir au Cameroun dans des conditions encore confuses.

« Il y a un pays qui m’accueille et je dois respecter un devoir de réserve« , a expliqué l’irréductible opposant au président Idriss Deby Itno, tout en assurant que son « transit » au Cameroun ne durerait encore que « 48 heures au maximum ».

« Ensuite, je m’en irai certainement. Je ne sais pas encore où, il y a des démarches qui sont faites un peu partout, je prendrai la meilleure solution pour ma sécurité et ma santé« , a-t-il ajouté, précisant qu’il souhaitait faire un « bilan médical« .

Son fils aîné Rokoulmian Yorongar avait auparavant affirmé à l’AFP que l’opposant se sentait « très mal à cause des tortures endurées pendant sa détention et du stress des derniers jours« .

« Il a besoin d’un check-up complet en Europe, il ne va pas tarder à venir en Europe, c’est une question de jours« , avait-il précisé.

Dans son bref entretien téléphonique avec l’AFP, Ngarlejy Yorongar a confirmé être l’auteur du témoignage publié par Afrique Education et d’un courrier électronique reçu samedi par l’AFP.

L’opposant racontait dans ces textes avoir été arrêté le 3 février à son domicile de N’Djamena par des « militaires armés » de la « garde présidentielle », avant d’être détenu dans une « prison secrète » de Farcha, dans l’ouest de la capitale tchadienne.

Le 21 février, à 02H00, l’opposant dit avoir été emmené au cimetière de Ngonmba, un quartier sud de N’Djamena, où l’un de ses geôliers a tiré « deux coups de feu dans (sa) direction » avant de « disparaître« .

Le député, qui n’a apparemment pas été blessé, indique ensuite être parvenu à fuir au Cameroun, sans préciser de quelle manière.

Ngarlejy Yorongar affirme dans ses témoignages avoir initialement été détenu en compagnie de deux autres opposants arrêtés dans les mêmes circonstances, l’ex-chef de l’Etat Lol Mahamat Choua et le porte-parole de la principale coalition de l’opposition Ibni Oumar Mahamat Saleh.

Lol Mahamat Choua, que les autorités tchadiennes ont reconnu détenir avant de le libérer jeudi, a démenti avoir été en captivité au même endroit que d’autres opposants.

Quant à Ibni Oumar Mahamat Saleh, son entourage ignorait toujours lundi son sort et les autorités nient avoir de ses nouvelles.


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