L’opposant tchadien Yorongar mercredi en France – Afp
L’opposant tchadien Ngarlejy Yorongar, qui vient d’arriver à Yaoundé après avoir été porté disparu pendant près d’un mois, va quitter mercredi le Cameroun à destination de Paris, a-t-on appris mardi auprès de son entourage.
« Il voyage demain (mercredi) à Paris« , a déclaré une source proche du député fédéraliste. Le Premier ministre français François Fillon avait auparavant affirmé que « l’asile politique serait accordé » à cet opposant irréductible au président Idriss Deby Itno.
Selon des témoignages concordants, Ngarlejy Yorongar a été arrêté le 3 février par les services de sécurité tchadiens à la fin d’une attaque rebelle sur N’Djamena repoussée in extremis avec l’aide de la France. Il dit avoir réussi à fuir au Cameroun après 18 jours de détention.
Les rares témoignages livrés ces derniers jours par l’opposant demeurent assez confus sur les conditions de sa détention et de sa fuite. « Il s’exprimera plus longuement quand il sera en France« , a ajouté la même source.
Lundi soir, Ngarlejy Yorongar avait affirmé, dans un bref entretien téléphonique avec l’AFP, que sa santé n’était « pas bonne » et qu’il comptait quitter le Cameroun mercredi au plus tard vers un pays tiers pour faire un « bilan médical« . Deux autres responsables de l’opposition avaient été arrêtés dans des circonstances similaires le 3 février. Il s’agit de l’ex-président Lol Mahamat Choua, détenu par les autorités qui l’ont libéré le 28 février, et du porte-parole de la principale coalition de l’opposition Ibni Oumar Mahamat Saleh, dont on est toujours sans nouvelles.
« Nous sommes très pessimistes« , a déclaré mardi à l’AFP le cousin de ce dernier, Moussa Mahamat Saleh. « Cela fait 31 jours sans nouvelles, nous sommes très inquiets sur son sort« .
Dans un communiqué reçu par l’AFP à Libreville, l’organisation Human Rights Watch (HRW) basée à New York appelle N’Djamena à « rendre rapidement des comptes au sujet de la disparition » d’Ibni Oumar Mahamat Saleh, « arrêté par les forces de sécurité tchadiennes il y a un mois« . « Le gouvernement a placé Ibni en détention et le gouvernement doit donc le faire réapparaître« , estime l’organisation de défense des droits de l’Homme, qui redoute que l’opposant soit « victime d’une disparition forcée« .
Le gouvernement tchadien a créé lundi, comme promis au président français Nicolas Sarkozy, une commission d’enquête internationale sur l’attaque rebelle et le sort des disparus. Selon HRW, cette commission « n’est pas assez indépendante et crédible car elle est dirigée par le président de l’Assemblée nationale (Nassour Ouaïdou), un allié proche du président Deby« .
« Le président Deby a jeté de la poudre aux yeux du président Sarkozy« , déplore l’ONG.