Tchad-Soudan: incertitudes autour d’un accord de paix – Afp

Les présidents tchadien et soudanais se sont réunis jeudi à Dakar pour une rencontre censée aboutir à un nouvel accord de paix alors que N’Djamena accusait au même moment Khartoum d’avoir « lancé » des colonnes rebelles au Tchad, pouvant compromettre l’issue du sommet.

La rencontre, qui devait déboucher selon les médiateurs sénégalais sur un accord « définitif » en présence du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, s’est ouvert dans un climat délétère.

Le président soudanais Omar el-Béchir a imposé un premier report en avançant des « maux de tête » mercredi et les accusations tchadiennes sont ensuite survenues jeudi matin quelques heures avant le mini-sommet.

Véritable offensive un peu plus d’un mois après l’attaque ratée pour renverser le président Idriss Deby Itno à N’Djamena ? Simple incursion ? Manoeuvre politicienne tchadienne pour peser sur la communauté internationale à Dakar ?

N’Djamena accuse en tout cas le Soudan d’avoir « lancé mercredi plusieurs colonnes puissamment armées contre le Tchad. Ces mercenaires ont franchi la frontière au niveau de la localité de Moudeina« , à une cinquantaine de km à l’est d’Adé, une autre localité frontalière.

La force européenne au Tchad (Eufor) a assuré que la situation était calme jeudi dans l’Est, mais le gouvernement tchadien parle d’une « nouvelle violation du territoire national » et « espère que la communauté internationale prendra cette fois-ci toutes les mesures pour dissuader le Soudan dans cette nouvelle tentative de déstabilisation« .

A Dakar, le secrétaire d’Etat soudanais aux Affaires étrangères Al Sammani Al-Sheikh Al-Wassila a catégoriquement rejeté cette accusation « fantaisiste« .

« Je peux vous assurer que c’est complètement fantaisiste. Nous avons totalement fermé nos frontières à ces mouvements. Nous n’avons aucun mouvement d’opposition (tchadien) à l’intérieur du Soudan« , a-t-il assuré.

« Il y a un problème interne au Tchad et c’est ce que le gouvernement du Tchad devrait sérieusement prendre en considération« , a-t-il ajouté.

Si elle était confirmée, la nouvelle incursion des rebelles survient après leur offensive de début février. Partis de bases arrière au Soudan, ils avaient pénétré dans N’Djamena les 2 et 3 février acculant le président Deby dans son palais présidentiel avant d’être repoussés in extremis par les forces gouvernementales tchadiennes, avec le soutien de l’armée française.

Un observateur de la situation militaire sur le terrain a confirmé à l’AFP qu’un « groupe » de rebelles avait franchi la frontière mercredi. « Nous avons repéré 25 pick-up, mais il semblerait qu’il y en ait davantage« , a expliqué cet observateur qui a requis l’anonymat.

Toutefois, le principal chef rebelle a démenti jeudi être repassé à l’attaque, dénonçant une manoeuvre politicienne du président Deby.

« Il n’y a pas de nouvelle offensive, il ne se passe rien de particulier« , a déclaré à l’AFP Mahamat Nouri, désigné fin février à la tête de l’Alliance nationale (AN), une nouvelle union rebelle qui ne comprend qu’une partie des mouvements qui ont attaqué N’Djamena les 2 et 3 février.

Il a accusé Idriss Deby de chercher « un prétexte pour ne pas signer l’accord » avec le Soudan.

De leur côté, les forces françaises au Tchad n’ont « pas pour l’instant détecté » de colonnes rebelles en provenance du Soudan, a déclaré à Paris le ministère de la Défense.

Le président soudanais avait émis mardi, depuis Dubaï, des doutes sur l’opportunité de signer un nouvel accord de paix, les cinq précédents n’ayant pas été respectés.

De son côté, le Tchad avait également émis des réserves, le ministre des Affaires étrangères Ahmad Allam-mi affirmant que N’Djamena espérait que « enfin le président soudanais prendra des engagements de bonne foi et qu’il les appliquera« .


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