Les rebelles tchadiens jurent de poursuivre la lutte contre Déby – Reuters
Les rebelles tchadiens ont rejeté vendredi l’accord de paix conclu la veille à Dakar par le Tchad et le Soudan et se sont engagés à poursuivre la lutte pour renverser le président Idriss Déby, à moins que celui-ci ouvre le dialogue avec eux.
« Si Déby ne veut pas le dialogue, nous allons le chasser par la force« , a dit à Reuters Ali Gadaye, porte-parole de l’Alliance nationale tchadienne, un groupe rebelle.
Il a précisé que l’accord de Dakar ne concernait pas les rebelles tchadiens. « Tout ça, ça concerne les deux Etats, ça ne nous concerne pas« , a-t-il dit.
Le président soudanais Omar Hassan al Bachir et son homologue tchadien Idriss Déby ont signé jeudi soir à Dakar un accord visant à mettre fin aux attaques transfrontalières menées par des rebelles dans un secteur comprenant notamment le Darfour soudanais, en proie à la guerre.
La signature du document, à laquelle ont assisté le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon et le président sénégalais Abdoulaye Wade, est intervenue après des pourparlers visant à raviver une série d’accords bilatéraux qui n’ont pas réussi à faire cesser les combats de part et d’autre de la frontière tchado-soudanaise.
NOUVELLES INCURSIONS DANS L’EST DU TCHAD ?
Les deux pays sont convenus de « normaliser » leurs relations et de mettre un « terme définitif » à leurs divergences.
Ils ont accepté en outre de mettre sur pied un « groupe de contact » composé de quelques ministres des Affaires étrangères africains, qui se réunirait une fois par mois pour s’assurer que la « déclaration de Dakar » est bien appliquée.
Selon des diplomates étrangers, des rebelles tchadiens utilisent régulièrement le Darfour comme base arrière pour des incursions au Tchad. Le Soudan a accusé à plusieurs reprises le gouvernement tchadien de soutenir des groupes rebelles du Darfour.
L’est du Tchad abrite un demi-million de déplacés, notamment des Tchadiens fuyant des combats et des réfugiés du Darfour, où des violences politico-ethniques ont fait environ 200.000 morts depuis 2003.
L’instabilité de part et d’autre de la frontière a gêné les efforts internationaux visant à distribuer de l’aide humanitaire dans la région. Elle s’est propagée en outre en République centrafricaine, pays voisin déjà en proie à une rébellion sur son sol.
Déby et Bachir ont déjà par le passé tenté de régler leurs différends, qui à plusieurs reprises ont failli entraîner des pays voisins dans un conflit ouvert.
Jeudi en milieu de journée, avant la signature de l’accord de Dakar, le Tchad, qui a repoussé le mois dernier une offensive rebelle sur sa capitale, avait accusé le Soudan d’avoir lancé plusieurs colonnes rebelles sur son territoire, ce que Khartoum a démenti.
Pascal Fletcher, version française Natacha Crnjanski et Guy Kerivel