L’armée tchadienne a mené plusieurs "incursions meurtrières" en RCA, selon HRW – Afp

L’armée tchadienne a menée « plusieurs incursions » dans le nord-ouest de la Centrafrique depuis la mi-janvier, « tuant des civils et incendiant des villages« , a affirmé jeudi l’organisation Human Rights Watch (HRW), inquiète pour le sort de cette région « déjà instable« .

« L’armée tchadienne a lancé plusieurs incursions transfrontalières contre des villages du nord-ouest de la République centrafricaine (RCA) ces dernières semaines, tuant des civils, incendiant des villages et volant du bétail« , déclare l’ONG de défense des droits de l’Homme dans un communiqué.

« Ces incursions meurtrières de l’armée tchadienne déstabilisent une région déjà instable« , s’inquiète l’ONG.

HRW a recensé « au moins cinq attaques distinctes » depuis la mi-janvier, dont la plus violente a eu lieu le 29 février.

« Au moins deux véhicules de l’armée régulière tchadienne sont entrés sur le territoire centrafricain, six villages ont été détruits complètement« , a expliqué à l’AFP à Bangui le chercheur de HRW Olivier Bercault.

Selon lui, ce raid a fait au moins quatre morts.

Ces violences, entre les localités frontalières de Markounda et Maïtioukoulou, ont poussé plus d’un millier de personnes à fuir leur village, certaines ayant trouvé refuge dans le sud du Tchad.

L’ONG précise que les forces gouvernementales tchadiennes semblent agir « en soutien à des éleveurs peuhls originaires de RCA ou du Tchad« , opposés à des agriculteurs centrafricains pour des problèmes de terres et de récoltes.

« On ne sait pas encore clairement si les attaques de l’armée tchadienne ont été menées avec l’aval et en coordination avec les autorités de la RCA« , écrit HRW, en rappelant que Bangui avait déjà « autorisé » ces dernières années les forces de N’Djamena à intervenir sur le sol centrafricain.

« Ces raids ayant été menés en partie en représailles contre le groupe rebelle (centrafricain) APRD (Armée populaire pour la restauration de la démocratie), des preuves suggèrent que les autorités de la RCA pourraient avoir donné leur feu vert à ces attaques », ajoute l’organisation.

« Le gouvernement du Tchad doit immédiatement ordonner à ses troupes de ne plus participer à ces attaques« , réclame-t-elle.

Le nord-ouest de la Centrafrique est plongé depuis 2005 dans l’insécurité provoquée par les rebelles, les « coupeurs de routes », mais également par des exactions de l’armée centrafricaine.

« Les habitants du nord de la RCA sont attaqués de toutes parts. Ils ont été attaqués par les groupes rebelles, par les bandits, par leur propre armée, et maintenant par l’armée tchadienne« , déplore HRW.

Pour Olivier Bercault, la garde présidentielle, épinglée dans un récent rapport de l’ONG pour des exactions contre les civils, est toutefois « rentrée dans ses cantonnements et ne joue que son rôle de protection du président de la République« .


Commentaires sur facebook