Fête du maréchalat à Amdjeress
Le maréchal va organiser de nouveau la fête du trône à Amdjeress le 15 septembre 2020 ! En effet en partant à Amdjeress Deby avait d’abord en tête 2 objectifs :
- Fuir les inondations et le Corona ;
- Ramener Yaya Dillo, sur instruction de la 1ère Dame.
Une fois sur place, vu l’animosité grandissante de la population locale à son égard, il changea de programme et enjamba d’autres thèmes du jour :
- Élections à venir,
- Développement régional,
- enrôlement forcés des non libyens vivant dans le sud de la Libye, etc., furent donc des nouveaux sujets de bavardage.
Mais l’atmosphère n’y est toujours pas. Alors, les griots se concertèrent et désignèrent l’un d’eux pour porter à sa manière la parole au Maréchal. C’est ainsi que le plus effronté s’approcha du maréchal et dit à haute voix : « mais maréchal, ton truc là, tu l’as volé ou quoi ?? Sinon toi le plus grand militaire tchadien de tous les temps, comment oses-tu organiser l’intronisation d’un titre hautement mérité, en catimini, comme si tu ne le mérite pas ! Non une fête sans les courses des chameaux, des ânes, des chevaux, sans les youyous des femmes Bèri qui vont égrener à la longueur des journées toute ta noble généalogie et tes exploits militaires, n’est pas du tout une fête ! »
Et c’est parti pour le 15 septembre !!
En cette périodes d’énormes difficultés pour le citoyen lambda, voilà de quoi s’occupe un président dont la population vit sous et dans l’eau. Le détresse des vieilles mamans plantées dans l’eau et crient en sollicitant l’aide des organisations internationales ne l’émeuvent nullement ; les élèves qui passent les épreuves de baccalauréat dans des classes remplies d’eau, ne le réveillent pas de sa somnolence pathologique ; les familles entières dépossédées de tout bien matériel et jaugées sur le goudron comme un essaim d’abeilles ne détournent ni son attention ni son envie de s’occuper des futilités qui n’engendrent que du gaspillage.
Sur les réseaux sociaux, il est question de venir en aide aux sinistrés ! Oui, d’accord mais jusqu’à quand, combien sont-ils les sinistrés dans tout le Tchad, et avec quels moyens ? Non, il faut prendre la situation dans sa globalité qui n’est pas du tout conjoncturelle mais fortement structurelle. Avec la 4ème république, Deby est parti au moins pour 14 ans si le Tout Puissant lui prête vie. On se rappelle qu’au cours d’une réunion familiale, les Deby ont juré de battre le record du feu Kadhafi et tout concourt à cela : fortement soutenu par la France et sous l’ombrelle d’une milice complètement réformée et rajeunie, sous le commandement de ses fils et neveux, rien n’empêchera Deby de réaliser son rêve. Sauf si…
Les tchadiens ne peuvent pas continuer à ce rythme ! Un pays sans État ! Les prouesses militaires des tchadiens à l’extérieur doivent être réimplantées à l’intérieur. L’histoire des maréchaux en Afrique est bien connue : IDI Amine a été chassé par une rébellion armée ; Mobutu également ; Bokassa par un coup d’État orchestre et exécuté par la France ; Omar Béchir, par une insurrection populaire. Il n’y a que la violence armée ou populaire qui fera partir un maréchal ; il n’y a pas d’autres solutions. « La voie des urnes, une transition apaisée et civilisée et autres gnê, gnê », autant des balivernes qui cachent un opportunisme éhonté ou une plate démission devant ses droits et ses responsabilités.
Les tchadiens doivent sérieusement réfléchir sur les voies et moyens pour faire partir Deby et son système. La conjonction des voix des mouvements armés, de la Diaspora et des tchadiens de l’intérieurs est plus qu’urgente et nécessaire pour se débarrasser du despote et prendre la direction de ce bateau qui tangue, avant qu’il ne se renverse et coule.
Beremadji Félix
N’djaména – Tchad