Tchad : Alerte d’urgence alimentaire 7 juillet 2008 – résurgence du conflit, hausse des prix – Relief

Reprise des hostilités, renchérissement des denrées de base limitent l’accessibilité alimentaire à l’est

La reprise des hostilités le 11 juin entre forces loyalistes tchadiennes et rebelles a accru le degré d’insécurité civile à l’est du pays, limité le mouvement et la capacité de répondre des humanitaires, et réduit le retour des personnes déplacées (IDPs) vers les terres de cultures au commencement de la saison agricole 2008/09. La résurgence du conflit arrive en même temps qu’une hausse des prix des denrées alimentaires de base et une succession de deux années de productions agricoles derisoires. Ces élèments limitent l’accès et la disponibilité à la nourriture des réfugiés et IDPs et accroissent surtout la dépendance de ces derniers à une assistance alimentaire plus consistante jusqu’en septembre 2009. L’escalade du conflit et les prix élevés, combinés avec les récentes attaques contre les organisations humanitaires, l’augmentation des admissions dans les sites des IDPs, et la réduction des rations en avril, ont mis en péril la sécurité alimentaire des 370 000 IDPs et des réfugiés à l’est du Tchad. Des suppléments d’aide alimentaire et non alimentaires (NFI) d’urgence sont nécessaires pour répondre aux besoins de ces populations et d’environ 3,000 IDPs de plus, si les conditions sécuritaires se détériorent pendant la campagne 2008/09 (septembre 2009).

La reprise des hostilités, incluant l’occupation temporaire de Goz Beïda par les rebelles, a empêché le retour d’environ 110 000 IDPs dans la zone de Dar Sila, zone d’accès aux terres cultivables. Ceci concourre à une dépendance plus accrue de ces personnes de l’assistance alimentaire en même temps que des conséquences néfastes dans la zone d’accueil des réfugiés et des personnes déplacées. L’attaque de Goz Beïda s’est soldée par l’incendie de trois entrepots de pré–positionnement des articles non alimentaires et le vol de plusieurs véhicules et de matériels de communications des organisations humanitaires. Pour les 9 000 IDPs ayant amorcé un timide retour à leur village d’origine en Dar Silla, la persistance de l’insécurité, la faible disponibilité en eau, et les taxes exagérés imposées par le service des Eaux et Forêt sur la coupe de bois de chauffe, découragent leur accès aux terres cultivables et encouragent une dépendance continuelle à l’assistance humanitaire pour la prochaine campagne 2008/09.

La situation actuelle du Tchad pour les IDPs et les réfugiés est déjà instable, et est en train d’empirer. Déjà, les stratégies de survie, basées essentiellement sur l’exploitation de ressources naturelles (e.g., bois, foin, produit de cueillette), ont faibli avec le début de la saison pluvieuse, et le petit commerce est sévèrement affecté par l’insécurité le long des axes vitaux et par la rupture en mai des relations économiques et sociales entre le Tchad et le Soudan, qui a interdit officiellement la libre circulation des biens et de personnes. Dépendant du marché pour un complément nutritionnel en raison de l’insécurité, le manque d’accès aux terres, et faute de récoltes depuis deux campagnes successives (2006/07 et 2007/08), les ménages font face à une hausse soutenue des prix des denrées et une période caractérisée par une absence de revenu. En juin 2008, un kg de sorgho à Goz Beïda est 60 pour cent plus élevé comparé à juin 2007, quatre pour cent supérieur à juin pendant la crise de 2004/05, et 54 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. De plus, des distributions des rations alimentaires aux réfugiés et IDPs viennent d’être effectuées dans la zone Est, mais réduites de plus de 16 pour cent en avril par rapport à la norme requise de 2100Kcal/personne/jour. En outre, une tendance à l’augmentation des nouvelles admissions dans les centres de suivi nutritionnels des sites des déplacés dans la zone a été soulevée par le cluster nutrition entre mars et avril 2008.

Étant donné les conditions actuelles, il est essentiel que les agences onusiennes (EUFOR, MINURCAT) et le pouvoir public rétablissent la sécurité civile pour le retour et la stabilité des déplacés dans leur terroir d’origine et renforcent leurs moyens de subsistance pour élever le niveau de leur autosuffisance alimentaire. Bien qu’il soit trop tard pour faciliter un retour cette saison agricole, les IDPs pourraient commencer à retourner à leurs domiciles en octobre 2008 fourni d’une amélioration de la situation sécuritaire et de l’assistance alimentaire et non alimentaire (e.g., les semences, le matériel agricole) jusqu’en septembre 2009, avec le début de la récolte pour la campagne 2008/09.


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