La désillusion

Les nouveaux ralliés qui croyaient être accueillis par Deby par des accolades et bisous ont été lamentablement déçus. D’abord la quinzaine de véhicule s’est cantonnée au niveau de Boureck et voudrait s’aligner définitivement aux rangs de Deby une fois les «exigences » satisfaites. Mais contrairement aux premières promesses faites ; les coffres bourrés de nos pétrodollars tardent à prendre le chemin de l’est. Et selon les dernières informations aucune initiative n’est prise de la part de Deby et probablement il en restera ainsi.

Qu’est ce que les émissaires de Deby n’ont pas promis à nos ex-rebelles qui eux non plus n’était pas très avares dans leurs exigences :

  • 11 postes des généraux dont l’un « Gl de corps d’armée » (celui-ci est sûrement réservé au vieux, car c’est la part du lion à moins que les lionceaux ne grognent)
  • 15 seront promis colonel (un exercice familier pour Deby)
  • 1 poste de Ministre d’Etat, Ministre à la défense (pauvre Djinedi, ta chaise vacille)
  • 1 poste de Ministre de la sécurité (réfléchi deux fois cher Deby si tu veux que la tienne soit garantie)
  • 1 poste de DG de l’ANS (Incroyable comme exigence d’un ex-combattant de la liberté de vouloir devenir chef des tortionnaires)
  • 1 poste de DG des douanes (Ils ont bien faim ces rebelles !)
  • Une somme de 8 milliards de CFA (Quel business !)

Les sieurs Diro Arim et Mahamat Saleh Brahim qui avaient convaincu les deux Issaka de se restituer, se sont envolés d’Iriba où leur délégation a élu domicile, pour rendre compte à leur chef combien l’opération était fructueuse. Mais Deby, informé par ses propres canaux du nombre exact des ralliés, était fou furieux de la maigre cueillette que ces envoyés ont faite. Après les avoir laissés délirer, il leur répondit en ces termes : « écoutez, d’abord je ne vous ai jamais ordonnés de prendre contact avec les rebelles. Il vous est interdit à partir de maintenant de se rendre à l’est pour une négociation quelconque ou parachever une autre. De tous ceux qui sont venus, il n’y a à ma connaissance que 18 militaires. Le reste, ce sont des bergers. Les quinze parmi ces militaires filent au premier coup de feu dans un combat. Et d’ailleurs, parmi les soldats, il n’y a que trois qui sont connus pour avoir pris part à des vraies opérations. N’aviez-vous pas remarqué qu’aucun des ralliés n’a eu la moindre égratignure ou mutilation alors qu’ils sont sensés d’avoir participé à tous les combats qu’ils ont menés contre mes soldats ? Ils sont lisses comme une lame de gilette. Ils n’ont pas quitté leurs frères rebelles parce qu’ils ont soudainement eu de l’estime pour ma personne mais la raison est qu’ils sont las des combats. Ceux-là ne me sont nullement utiles ici. Etant « rebelles », ils m’ont toujours informé de ce qui se passait, boycotté les alliances avec les autres factions, miné la rébellion. Vous me les avez amenés et m’avez coupé l’herbe sous les pieds en m’abandonnant sans infos. Vous n’avez fait que rendre service aux rebelles. Maintenant, vos soi-disant ralliés n’ont qu’un seul choix. Ils doivent remettre toutes les armes en leur possession à la disposition du MJE. Pour un véhicule équipé d’une arme lourde je paye 7 millions de FCA , sans arme, 5. Je suis bien au courant des manœuvres entreprises pour gonfler leur effectif et accroître le nombre des véhicules, etc. Je me limiterais aux chiffres initiaux. Par contre, eux, ils sont graciés et doivent rentrer dans la vie civile ou s’enrôler au centre d’Instruction de Moussoro et ceci sans exception. Je ne reviendrai pas non plus sur ma décision concernant la radiation des grades de quelques uns parmi eux. Ils ne peuvent pas s’attendre à plus de clémence de ma part, car le mal qu’ils m’ont fait ne se dissipe pas du jour au lendemain ».

Joignant l’acte à la parole Deby ordonna Tahir Erda d’aller désarmer la bande. A la moindre résistance, il a l’ordre d’user la force. N’étant pas très enthousiasmés par les propos de Deby, nos insurgés ont pris un peu de distance par rapport au gouvernement. Un malheur ne venant pas seul, les jeunes qui avaient suivi leurs ainés, soit par affinité parentale, soit dans l’espoir d’empocher les 8 millions de CFA promu par tête, sont devenus conscients de la réalité des choses et des tractations qui se déroulent sur leur dos. Un bon nombre a regagné la rébellion et une partie a tout simplement pris le chemin du village. En voyant leur nombre se dégrader comme un élément radioactif, la bande, craignant une simple auto dissipation, a repris la direction vers Deby. Pire encore les rebelles du RFC ont déclaré 7 des ralliés, persona non grata.

Aux dernières nouvelles, des tiraillements ont apparu au sein du groupe, car trois personnes se disputent la chefferie. Incroyable que le chemin du ralliement soit plus du difficile que celui de la résistance.

Mahamat Ahmat
N’djaména

Actualisation : La promenade de la petite bande se poursuit. Les négociateurs familiaux ont été demis de leur fonction comme annoncé plus haut. Le dossier est remis aux mains du ministère de la Défense. C’est Djinedi qui s’en charge. Ce dernier ne semble pas être très pressé de satisfaire leurs doléances. On le comprend. Ainsi nos quasi-ralliés auraient pris langue avec Nouri dans leur recherche d’un terrain d’atterrissage. Ce dernier leur répondit : « moi, je suis rebelle et j’œuvre pour faire partir Deby. Par contre vous, vous êtes en négociation avancée avec mon ennemi. Je ne vois pas comment on peut collaborer ». A court d’arguments, ils ont élu temporairement domicile dans la zone rebelle. A suivre.


Commentaires sur facebook