Abakar Mannani, viré!

Le couperet est tombé ! Deby vient de mettre fin aux fonctions de son chargé de mission, Abakar Mannani, domicilié à Paris depuis belle lurette. Deby fait porter ainsi à M. Mannani la responsabilité du fiasco de son séjour parisien, confirmant implicitement que sans M. Mannani, Deby est perdu à Paris. C’est une réaction épidermique propre à Deby qui, généralement, s’engage avant de réfléchir. En fait, « C’est le cœur qui a parlé ».

On peut aisément imaginer la scène : les bouffons réunis autour de leur chef commencent à s’en prendre à Mannani. « Il est gonflé ce petit arabe, comment il s’absente de Paris quand il sait que le Chef y séjourne, Patron vous lui avez donné trop d’importance, d’ailleurs, il n’a aucun contact avec l’actuelle équipe, il est un homme du passé, il est fini avec l’Ex, etc., etc. » Et le chef remonté en bloc, signa d’un trait le décret ! En réalité, Abakar Mannani n’est pas n’importe qui pour Deby; même si ce dernier était déjà aux mains de la francafrique depuis son passage à l’école de guerre, c’est Mannani qui l’a incontestablement fait accepter définitivement par les différents réseaux françafricains. C’est lui l’interface entre l’Elysée et Deby depuis une dizaine d’années ; c’est l’homme entre Deby et El Béchir au moment du peak de leur amour ; c’est aussi l’homme entre Deby et les saoudiens, entre Deby et certains Chefs d’Etat, certains hommes d’affaires, etc.

Mannani, c’est surtout la gestion quotidienne de Deby quand ce dernier est en dehors du Tchad, particulièrement à Paris, beaucoup des membres du gouvernement en ont appris à leurs dépens. Alors pourquoi, par simple humeur du jour, Deby s’expose en ouvrant la boite de pandore, car Mannani détient non seulement les secrets les plus enfouis de la République, mais aussi et surtout tout ce qui a trait à la vie privée de Deby? A moins…, à moins qu’on veuille, tout logiquement, l’éliminer. De l’élimination de Mannani, il a été déjà largement question. Mannani, rusé, n’a pas mis pieds au Tchad depuis 4 ans, ne prend pas le même vol que son patron lors des déplacements et ne loge pas au même hôtel, selon l’entourage de Deby. Il n’est un secret pour personne dans les milieux de la barbouzerie qui côtoie Deby, que le DG de la banque BCC, le beau fils de Deby veut la peau de Mannani. Dernièrement, les envoyés amateurs du directeur à la recherche des tueurs à gages, sont tombés sur des agents des renseignements français. Selon nos informations, non seulement on veille jalousement sur la sécurité de Mannani, mais désormais les proches de Deby en vadrouille en France et autres chargés de mission sont tous dans le collimateur des services français.

Un conseiller béni oui oui de Deby s’est étonné de la liberté de ton et de langage quand Mannani s’adressait à Deby ou quand les deux discutaient. Devant témoin, Mannani reprochait Deby de ne pas avoir la notion de l’Etat dans sa gestion de la chose publique et que le pays est géré comme un canton, ce dont Deby n’appréciait pas souvent, surtout dit devant un témoin. Avec le décret mettant fin aux fonctions de Mannani, la lune de miel entre les deux est terminée, le conflit est ouvert et c’est Deby qui a dégainé le premier ; on attend avec intérêt et délectation la réaction de Mannani.

Beremadji Félix
N’djaména