Les Brèves de N’djamena – Rébellion nigérienne : la main de Deby
On s’en doutait, mais la vérité finit toujours par s’établir : Deby arme la rébellion nigérienne. Comme souvent c’est le cas, Deby le fait pour le compte de tiers. Il est connu pour cela, notre IDI : quand un tiers veut accomplir une sale œuvre quelque part, c’est à lui qu’on s’adresse : l’intervention tchadienne en RCA, en RDC, la livraison d’armes à Charles Taylor, la crise de Darfour, etc. C’est la même logique en ce qui concerne la rébellion nigérienne.
En effet, un pays bien connu de la région veut fournir des armes aux touaregs nigériens, mais le Sahara est étroitement surveillé par des satellites d’observation des mouvements des rebelles, en particuliers les Salafistes. Alors une opération quadruple est vite pensée. Le Pays en question fournit au Tchad les armes, càd à Deby. Ce dernier les remet au MJE et celui-là, loin des yeux, à partir de sa base d’Amdjaress, fait le trajet jusqu’à la frontière Nigérienne où une équipe de la rébellion touareg attend et réceptionne le colis. Cette opération a eu lieu à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’une puissance occidentale questionne discrètement Deby sur la raison des va-et-vient du MJE entre la frontière du Niger et Amdjaress. Paniqué, Deby nie d’abord énergiquement, puis affirme sans vergogne qu’il s’agit de la patrouille d’une unité de l’ANT pour contrer la pénétration des rebelles par la frontière nigérienne. Insolente, la puissance insiste et fait savoir à Deby qu’il s’agit bel et bien du MJE.
Alors Deby enclenche une semblant enquête, met au gnouf Bichara Souleymane Nour, le secrétaire général du MJE et informe la puissance en question que, « oui, il a y eu effectivement un important trafic d’armes entre le MJE et les touaregs et que le gouvernement tchadien a pris des mesures énergiques pour y mettre fin ». DDTC (Du Deby Tout Craché), en fait!
Isolement diplomatique – Ni le changement du PM, ni celui du MAE, n’ont rien changé : le régime de Deby est le plus isolé diplomatiquement, pratiquement au même titre que le Zimbabwe de Mugabe. Les USA ont fermé leur ambassade et ne sont pas prêts à la recouvrir. Il en est de même pour la BM. La Suisse écœurée par l’assassinat d’Ibni Oumar qui dirigeait une ONG financée par la suisse , et la transformation des Pilatus en bombardier, a réduit sa coopération au strict minimum, sans parler de l’UE qui constate de plus en plus qu’elle a été menée par le bout de nez par Deby dans le fameux accord gouvernement/opposition.
Deby qui gère l’Etat comme une boutique n’a cure des sauts d’humeur des puissances occidentales, il fait marcher sa boutique par la fraude. Mais la fermeture de l’Ambassade de l’Arabie saoudite risque de lui créer des soucis, car si les tchadiens sont prêts à digérer toutes les bêtises de Deby, ils ne sont pas prêts à accepter, surtout la communauté musulmane, qu’on leur prive du pèlerinage à la Mecque. Depuis que Deby a bombardé l’Ambassade et tué un diplomate, l’Arabie Saoudite a fermé son ambassade et les visa pour le pèlerinage sont désormais octroyés par le Consulat saoudien à Yaoundé, ce qui posera moult problèmes aux pèlerins tchadiens. Pour parer à la situation, Deby a dépêché son MAE en Arabie saoudite, mais, les diatribes anti-arabes, les accointances de Deby avec les milieux anti arabe et anti islam, n’ont pas échappé aux dirigeants arabes et particulièrement aux saoudiens, d’autant plus qu’à la différence d’un Kadhafi toujours prompt à demander un service à Deby, les saoudiens n’en demandent rien, alors l’accueil risque d’être très glacial.
Beremadji Félix
N’djamena