L’histoire de la Résidence de l’Ambassadeur du Tchad à NY

Il était une fois, dans un quartier chic de NY, un ambassadeur du Tchad achète une belle résidence destinée à accueillir les excellences qui représentent ou représenteront le Tchad. C’était en 1979. Au cours d’une veillée religieuse (noël), un court-circuit détruit partiellement l’immeuble. Difficile de le réparer, on était en plein « événements de 79 », d’ailleurs le titulaire fut rappelé.

Inoccupé, l’immeuble tombe en ruine. La mairie somme le Tchad de réhabiliter l’immeuble, dans le cas contraire ce sera la démolition. Et l’immeuble fut démoli, à la place un vaste terrain inculte, non entretenu. Les événements se succèdent au Tchad jusqu’à l’arrivée de Habré au pouvoir et nomme un nouvel ambassadeur. Celui-ci demande aux experts s’il faut construire sur ce terrain ou le vendre et acheter une nouvelle résidence. Les experts penchent pour la seconde solution. Un rapport fut envoyé à Habré qui donne son OK. Les démarches furent entreprises, le terrain fut évalué e à 800.000 dollars et un acquéreur fut trouvé. Le marché était sur le point d’être conclu quand le régime change au Tchad.

Deby arrive au pouvoir, nomme un nouvel Ambassadeur. Celui ci reprend le dossier, mais de zéro ! Il entreprend les mêmes démarches que son prédécesseurs et obtient l’Ok formel des Affaires étrangères pour vendre le terrain et acheter une nouvelle résidence. Mêmes démarches, même résulte : un acquéreur dépose un chèque de ( ?) sur le bureau de l’Ambassadeur. Entre temps, Deby, accompagné de son ex tout puissant Ministre des finances, ABCD, loue la Concorde et débarque à NY. Monté en bloc par on ne sait qui, visiblement tendu et fâché, on ne sait contre qui, il tance sèchement dès les premières minutes de la rencontre à son représentant : «qu’est ce que tu es en train de faire avec le terrain du Tchad ». L’Ambassadeur répond calmement qu’il a eu le feu vert de son Ministère de vendre le terrain, ce fut fait et qu’il a le chèque en main. « Il faut retourner tout de suite le cheque à son propriétaire et laisse-le tranquille ».

L’Ambassadeur retourna le cheque et paya même des amandes et autres frais de forfaiture. Cet ambassadeur qui a oublié de traiter directement avec Deby et surtout lui passer le cheque en catimini, a été rappelé et un autre fut nommé à sa place. Celui reprend de zéro le dossier, reçoit l’OK formel de son département, et entreprend les mêmes démarches pour liquider ce terrain qui visiblement refuse de quitter les mains du Tchad. L’Ambassadeur était encore dans les démarches quand son décret de rappel tombe. Mais il continue quand même les démarches et 5 mois après son rappel, il arrive enfin à vendre le terrain à 700.000 dollars, càd le prix de 1989 !

Le représentant de Deby rappelé achète une résidence de 5 chambres avec une seule douche, à 500.000 dollars dans une autre ville à 4h de route A/R du bureau de la représentation. Il paye la moitié cash et l’autre moitié par un crédit bancaire qu’il a pris en son propre nom, car les banques n’octroient plus des crédits au nom du Tchad comme partout ailleurs. Son remplaçant trouve que la résidence acquise par son prédécesseur est tout sauf une résidence d’Ambassadeur, surtout si celui-ci a de la famille, sans compter le trajet qu’il faut faire chaque matin pour rejoindre le bureau. Alors il demande au département de vendre cette résidence et d’acheter une autre. L’OK formel tombe net. L’ambassadeur vent donc cette résidence inconfortable, éponge le crédit bancaire que son prédécesseur a pris en son nom propre, paye tous les frais et commissions et achète une nouvelle résidence à NY en avançant le petit reliquat de la vente de la résidence inconfortable, comme avance sur payement, le reste étant sur crédit bancaire pris en son propre nom. Enfin le Tchad a une résidence, en plein NY ! D’ailleurs beaucoup des personnalités en déplacement y ont séjourné. Mais malheureusement l’affaire n’est pas terminée.

La maison est au nom du Tchad, mais le crédit bancaire est au nom de l’Ambassadeur. Pour libérer l’Ambassadeur de cette créance vis-à-vis de la banque, le Tchad doit régler le payement. Mais tu parles, il est plus facile de donner des millions des dollars à un tourabiste à Washington pour acheter des immeubles et des villas au nom de quel soudanais on ne sait, ou même acheter des armes, mais jamais pour acheter une petite résidence à NY. L’ambassadeur fait des mains et des pieds, contacte tout le monde : Deby d’abord, son département de tutelle ensuite, le Ministre des finances, etc., mais sans aucune suite. Les correspondances se succèdent sans aucune réponse jusqu’à ce que son décret de rappel tombe net.

L’Ambassadeur prend la précaution d’avertir les autorités tchadiennes qu’il lui sera difficile de quitter ses fonctions avec un crédit de deux cent millions de CFA, car tout peut arriver d’ici là et qu’il ne peut laisser un tel fardeau sur le cou de ses enfants. Une façon de dire qu’il peut vendre la maison pour éponger la dette. Le message est reçu 5/5 : selon des sources sûres du cabinet du PM, ce dernier donne des instructions fermes au Ministre des Finances de donner une suite favorable urgente à ce dossier et que Younousmi fera le déplacement à NY pour constater de visu l’existence physique du bâtiment.

On peut tout simplement faire la remarque selon laquelle, le tourabiste d’à coté brasse des millions de dollars sans que personne ne daigne venir constater l’existence physique de tous les immeubles qu’il prétend acheter pour le compte du Tchad ou que vérifier si effectivement tout est au nom du Tchad. D’autre part, pourquoi Younousmi, pas le Ministre de tutelle ou celui responsable des immeubles de l’Etat, le SGG. Mais tout cela n’est pas important, pourvu qu’on paye le crédit et libère l’Ambassadeur.

On attendait d’une minute à l’autre l’arrivée de Younousmi quand un télex tombe net : Younousmi ne viendra pas et l’Ambassadeur a l’OK formel de vendre la résidence, payer le crédit et s’il reste quelque chose, verser sur le compte de la Mission. Point final. Final ?? Ce n’est pas au Tchad, ça !

Correspondance particulière


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