Debout, peuple tchadien.

Enfin, l’opposition armée vient de se doter des structures politiques et militaires. C’est un grand ouf pour tous ceux qui aspirent à un vrai changement. L’unité de l’opposition armée est absolument nécessaire, mais est-elle suffisante pour opérer le changement tant attendu ?

Après 18 ans de mise au pas, Deby a fini par mettre au gardez-vous le peuple tchadien. Le Tchad est une grande prison à ciel ouvert pour la population tchadienne ; muselée, privée de parole, de logement, de nourriture, des soins, la population tchadienne est en train de mourir à petits feux. Lui et ses thuriféraires brassent l’argent à tous vents, les revenus pétroliers sont récupérés en amont et en aval par ses parents et ses bouffons. En amont, ce sont les retraits, sans aucune procédure, des liquidités du trésor public ; en aval, par l’intermédiaires des nombreux analphabètes DAF, casées quasiment dans tous les ministères, le peu d’argent qui arrive à peine dans ces mêmes ministères, est récupéré. 18 ans de pouvoir et 6 ans du règne des pétrodollars, le bilan est désolant, affligeant, voire même honteux. Par sa nature belliqueuse, Deby n’est pas parvenu à ramener la paix alors qu’il avait tous les atouts pour le faire en décembre 1990.

Au contraire, il a fait de l’instabilité politique du pays, son fond de commerce et la justification de son existence ; par sa gestion calamiteuse, incohérente et improvisée, il a délabré à jamais le tissu socio-économique du Pays. Deby n’a aucune ambition pour le Tchad et n’a aucun soucis des souffrances et des malheurs des tchadiens ; son seul et unique soucis c’est de mourir sur son lit en tant que Président du Tchad. Résignés et fatalistes, beaucoup des tchadiens vivent sans réaction la loi de cette volonté criminelle. Mais jusqu’à quand ? Car dans ces conditions, la lutte pour sa survie mais surtout pour casser les chaines de cette prison à ciel ouvert, devient non seulement une nécessité absolue, mais aussi et surtout un devoir sacré.


L’opposition armée est un pan très important mais minoritaire dans le combat contre le régime de N’djaména. Elle lui porte certes, des coups durs, le harcèle, l’affaibli amplement, mais c’est une erreur d’attendre ou penser que, seule cette opposition armée puisse venir à bout de ce régime. Délabré et chancelant comme la santé de son Chef, le régime tient toujours. Il dispose de toutes les potentialités humaines et économiques de l’Etat, bénéficie du soutien indéfectible de la francafrique et surtout du couple Sarkozy/ Kouchner dont le soutien à Deby et l’acharnement contre le Soudan font partie de leur combat idéologique contre l’Islam et l’Arabie ; ce même régime bénéficie aussi de la légitimé internationale ; et enfin le régime a les moyens de sa politique. Dans ces conditions, seule la mobilisation de tous les tchadiens sera la condition sine qua non du déboulonnage de Deby de son pouvoir. Plus la mobilisation anti Deby est large, populaire et nationale, plus les chances du changement seront grandes et rapides et le changement lui-même devient légitime au grand dam des technocrates de l’UA et UE ; plus la mobilisation est large, plus seront les chances de l’avènement d’un Etat enfin stable et engagé dans la voie de la démocratie et du développement, moins seront l’omnipotence et l’omniprésence des groupes armés dans ce processus, moins sera aussi la probabilité de la confiscation du pouvoir d’après Deby par un groupe monocolore.

Sous Deby, les tchadiens vivent mal ; c’est un euphémisme que de dire cela. Aucun des régimes passés n’a conduit les tchadiens dans une telle double déchéance politique et socio-économique, aucun d’eux n’a non plus fait l’objet d’un tel rejet unanime et enfin aucun des ex-Présidents du Tchad n’a eu des méthodes de gestion et de conduite de l’Etat aussi anachroniques, un comportement et une vie privée aussi calamiteux. Ainsi, il est primordial de transformer ce mal de vivre en un rejet de le vivre ; le rejet qui s’exprime actuellement de façon diffuse, silencieuse, murmurée dans tous les foyers des tchadiens, ce rejet donc, doit émerger, doit prendre une forme concrète comme complément nécessaire à la lutte armée. Les partis politiques d’opposition, les syndicats, les associations socio-professionnelles, le citoyen lambda, chacun doit et peut avoir sa propre méthode de résistance, de participer à ce combat pour le salut du Tchad. Sortir massivement dans la rue et se faire canarder par les sbires du régime n’est pas la seule façon d’exprimer son raz de baule, la désobéissance peut prendre plusieurs formes.

Seuls, sous les coups conjugués de l’opposition armée et ceux de l’opposition internes peuvent venir à bout à ce régime. Point de se faire des illusions, sans cela, le régime a encore des beaux jours devant lui. Malheureusement. L’apport de l’opposition armée dans la destruction du régime est très important, mais celui du peuple tchadien sera décisif. Debout, Peuple tchadien et mets-toi à l’ouvrage.

Beremadji Félix
N’djaména


Commentaires sur facebook