Les Brèves de N’djaména : La raffinerie de tous les malheurs
Deby a enfin inauguré sa raffinerie la semaine dernière. Un long chemin fut parcouru pour arriver à cette phase. Que d’argent gaspillé, que du sang coulé. La raffinerie de Sidigui, c’est la malediction elle-même.
Tous les regimes successifs du Tchad se sont efforcés vainement d’avoir cette raffinerie pour resoudre le problème crucial d’énergie. On se rappelle que c’était en mai 1979 que le Ministre des finances du Tchad, un certain Mahamat Saleh Ahmat signa avec la Banque Islamique un financement pour la construction d’une mini raffinerie couplée d’une centrale électrique. 3 mois plus tard la guerre ajournera définitivement ce projet.
Le Projet était presque dans sa phase exécutoire quand Deby le détourna et le transforma en objet des marchandages mafieux. Fortement conseillé par une pléiade des mafieux de tous genres, nationaux comme étrangers, il utilisa ses prérogatives pour séparer la construction de la mini raffinerie du grand projet Doba. Dès lors, cette construction est devenue son affaire personnelle, un objet de spéculation, de malversation, de crime et d’assassinat. Deby vendit d’abord son projet à un homme d’affaire soudanais. Le Monsieur débuta le projet avec les meilleures intentions mais c’était sans compter avec Deby et le Directeur du pétrole d’antan : quotidiennement chacun d’eux demandait des liquidités. Au bout d’une année, le Mr fut mis en faillite. Chassé du Tchad, il a engagé un procès contre le Tchad. Cet homme membre du parlement soudanais dira devant ce même parlement en direct de la Soudan TV « Je n’ai jamais vu de ma vie une personne aussi quémandeuse que le président du Tchad». Le procès est toujours en cours. Puis sans solder les comptes avec le soudanais, Deby vend le Projet à un couple des retraités vachement friqué et qui a fondé une société séance tenante à N’djaména.
La famille de Deby, ses collaborateurs, le Ministère du pétrole, particulièrement le très cupide Directeur du pétrole, se sont jetés sur le couple tels des charognards sur un cadavre. Le couple fuit l’hôtel du Chari et se refugia à Kousseri avant de continuer jusqu’à Maroua (Cameroun), et prendre l’avion pour regagner la Suisse où il habite. Il a intenté un procès contre le Tchad. Le procès est toujours en cours. Un autre homme d’affaires soudanais rentra dans la dance pour la construction de la mini raffinerie et ce fut la phase la plus dramatique. Le nouveau concessionnaire mobilisa 12 millions des dollars US en espèces. Déposé d’abord dans la chambre à coucher de Deby, cet argent fut recyclé à travers la BCC et déposé dans un compte. Deby fit assassiner l’homme d’affaires en question, passé par les armes le représentant personnel de l’homme d’affaires et fit main basse sur la cagnotte. Et enfin arrivent des chinetoques.
Ceux-là sont durs à cuire. C’est l’Etat chinois qui est derrière la société chargée de la construction de la raffinerie. Celle-ci est couplé avec l’octroi des permis de recherche. Voilà, on revient 20 ans après au schéma initial avec l’ancien consortium. Les chinois subissent comme toujours l’assaut des vautours de la famille de Deby, de Hinda, des collaborateurs, etc. Les chinetoques brassent sans broncher mais ils notent minutieusement tout. Selon une source confidentielle chinoise, la raffinerie couplée avec la centrale qui coutaient à peine 80 millions de dollars US en 2002, coûtent aujourd’hui presque 400 millions dont 75% uniquement en bakchich ! Et le prix du litre sortie usine coûte au bas mot 6000 CFA. Mais Deby en a fixé à 200 CFA !
Et le Tchad devint indépendant sur le plan énergétique !!
Beremadji Félix
N’djaména