L’Eufor passe le relais au Tchad – Libération

L’opération militaire menée par l’Union européenne dans l’est du Tchad a officiellement pris fin hier. En présence de son instigateur, Bernard Kouchner, l’Eufor a transmis le relais à une mission de l’ONU.

L’Eufor a-t-elle eu un impact positif sur le terrain ?

Portée à bout de bras par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, désireux de peser sur le drame du Darfour limitrophe, l’opération Eufor a permis, de l’avis général, d’instaurer un climat de relative sécurité dans une région où régnait une impunité totale. L’UE a déployé durant un an 3 200 soldats, issus de 26 pays (23 Etats de L’UE, mais aussi de Russie, d’Albanie et de Croatie), avec pour objectif de stabiliser la zone et de favoriser le retour des 190 000 déplacés tchadiens et des 260 000 réfugiés du Darfour. Si la sécurité a, globalement, été assurée dans les camps et aux alentours, les retours sont plus que limités : d’après l’ONU, seuls 14 000 déplacés tchadiens sont rentrés chez eux. L’opération Eufor, menée dans une zone enclavée et désertique, a été longue à mettre en œuvre. Et surtout très coûteuse : officiellement, l’UE a versé 120 millions d’euros mais, d’après les recoupements effectués par l’AFP, le coût global pourrait atteindre jusqu’à dix fois plus. «Ce fut une opération disproportionnée, très coûteuse, pour des résultats extrêmement faibles», tranche Bruno Angsthelm, du Comité catholique contre la faim (CCFD).

Après l’Eufor, le déluge ?

La communauté internationale a fait en sorte d’éviter un vide dans l’est du Tchad : l’UE a transmis le flambeau à une force des Nations unies, la Minurcat II (Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad), forte à terme de 5 000 hommes, dont 2 000 issus de l’Eufor dont 800 Français. Les principaux contributeurs seront toutefois africains. La période de transition entre les deux forces pourrait être l’occasion, pour les groupes rebelles tchadiens soutenus par Khartoum, de «tester» le dispositif. Selon la Lettre du Continent, ils se seraient regroupés à proximité du territoire tchadien, prêts à passer à l’action. Les observateurs redoutent aussi un nouvel afflux de réfugiés du Darfour suite à la décision de Khartoum d’en expulser 13 organisations humanitaires au lendemain du mandat d’arrêt lancé par la Cour pénale internationale contre le président soudanais, Omar el-Béchir.

Quelle solution à long terme ?

Au mieux, la nouvelle force de l’ONU parviendra à maintenir le statu quo. Mais pour favoriser le retour des déplacés, les ONG – tels Oxfam ou le CCFD – évoquent une relance urgente du dialogue politique entre les acteurs locaux. Malgré les assurances données par le président Déby à Paris, les discussions sont au point mort. «L’UE doit désormais concentrer ses efforts sur un processus de paix et de démocratisation plus large et s’y tenir», plaide Nicolas Vercken, d’Oxfam France.


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