Faux dinars de Bahreïn: sept peines de prison ferme requises – Afp
Des peines de prison allant d’un an à sept ans ferme ont été requises mardi devant le tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire des « faux dinars de Bahreïn », une opération de contrefaçon aux multiples ramifications internationales.
Sept prévenus, dont seuls cinq se sont présentés au procès, sont jugés depuis le 16 novembre dans le volet français de ce trafic de fausse monnaie qui, remontant à plus de dix ans, a donné lieu à d’autres procédures en Argentine, en Suisse, en Belgique, en Afrique du Sud, à Dubaï, Bahreïn…
L’escroquerie portait au total sur la contrefaçon de la somme record de 140 millions de dinars bahreïnis en billets de 20 (quelque 300 millions d’euros), « d’une très bonne facture », a-t-il été rappelé à l’audience.
Du fait de son « rôle clé du début à la fin », le ministère public a requis 7 ans d’emprisonnement contre le Congolais (de RDCongo, ex-Zaïre) Richard Nozy Mwamba (absent du procès), la même peine de 7 ans étant demandée à l’encontre d’un autre Congolais, Jean-Pierre Kimbangala, passé maître lui aussi, selon l’accusation, dans le transport de « valises de billets ».
Cinq ans de prison ont été réclamés contre le Tchadien Hassan Fadoul Kitir, ancien conseiller spécial du président Idriss Deby Itno.
Deux peines de 4 ans dont 2 avec sursis et deux autres de 3 ans dont 2 avec sursis ont été requises contre les quatre Français poursuivis: Claude Sokolovitch, Jacques Milliet, Jean-Pierre Chariou et Jocelyne Lagalice. Ils sont accusés d’avoir organisé la réception et l’écoulement des fausses coupures sur le territoire français.
Un 8e prévenu, le Tchadien Lazare Pedro, avait été cité à comparaître, mais son cas a finalement été disjoint de ce procès.
L’affaire avait commencé par l’interpellation en juin 1998 à Paris de six personnes qui chargeaient des valises dans deux véhicules place du palais Bourbon à Paris (VIIe arrondissement). Elles étaient soupçonnées d’avoir changé dans diverses agences parisiennes de faux dinars de l’Emirat de Bahreïn pour environ 600.000 francs.
L’enquête avait révélé une escroquerie sans précédent qui allait contraindre les autorités de Bahreïn, parmi les principales places bancaires du Golfe, à émettre une alerte aux faux billets et à retirer de la circulation des coupures de 20 dinars.
Si 86 millions de dinars contrefaits ont depuis été saisis dans le monde, 54 millions seraient toujours dans la nature, a précisé au procès la banque centrale bahreïnie, partie civile.
Il a été établi que les billets avaient été imprimés en Argentine par la société Ciccone, et avaient ensuite transité par le Niger et le Tchad, avant d’êtr e échangés au Moyen-Orient et en Europe, notamment à Paris.
L’enquête française n’a toutefois pas permis d’identifier les « cerveaux ». Le Marocain Hicham Mandari, un suspect qui se présentait comme un ancien proche du roi Hassan II, a été assassiné en août 2004 en Espagne dans des circonstances non élucidées.
Les audiences devraient se terminer mercredi, avec les dernières plaidoiries de la défense, et le jugement être mis en délibéré.