Les Brèves de N’djaména : Deby n’a pas raté l’occasion

« il n’y a pas plus petit que celui qui humilie ou piétine son vaincu », dit-on généralement au sein des grands hommes qui ont conduit des grandes batailles. Rapporté à la situation du Tchad, il va sans dire que Deby est petit, et même très petit, car il n’a pas hésité une seconde pour humilier et piétiner les ex-rebelles ralliés à son régime sans aucune condition.

En réalité il n’a jamais voulu de ces gens, ni dans son armée ni ailleurs. Ce sont plutôt ses bouffons à qui il ne manque jamais de l’ingéniosité pour des coups tordus et mauvaises suggestions qui ont tout orchestré. Les bouffons y compris sa famille ont insisté longuement qu’il faut récupérer ces parents trompés et perdus, car ils n’auraient aucune ambition. Ils auraient suffisamment désillusionnés pour tenter autre chose, donc ils seront d’une servilité jamais ouïe. Mieux, leur récupération permettra de désarmer les beris restés fidèles avec lui et qui sont trop armés et nombreux. Suffisamment puissants, ces derniers peuvent tenter quelque chose avec le ralliement des rebelles, craignant de perdre leurs privilèges. A force d’argumentation et d’insistance, Deby y a cédé malgré lui.

Il a donc décidé de faire un tour à Moussoro sans rencontrer grand monde. Revenu à N’djaména pour les fêtes de Tabaski, il repart à Moussoro, cette fois-ci, décidé à rencontrer tous les ralliés et dire ce qu’il pense d’eux. Contrairement aux suggestions de sa famille, Deby, lui, veut parler à tous les ralliés. C’est ainsi qu’il fait demander par ses services la présence des ralliés de toutes les époques et qui se trouveraient sur le territoire national. C’était alors la ruée vers l’or. 4080 ex-rebelles de tous les mouvements ont répondu à l’appel. Deby a fait coudre par les tailleurs militaires 2883 djallabias et 440 sourwals, tous de couleur blanche et de taille moyenne. Pourquoi 440 et non 2883 ? On le dira plus loin! Comme la tribune ne peut contenir tous les rebelles de chaque camp, il a été choisi une centaine de chaque camp. Interdiction absolue de porter autre tenue que celle offerte par Deby, pas des brodequins non plus ; ou nu-pieds ou chaussures de ville.

C’est donc habillés tout en blanc, comme au pèlerinage selon certains, comme un condamné saoudien conduit à la guillotine un vendredi selon d’autres, les ex rebelles se sont retrouvés au garde-à-vous devant Deby. Pour ceux à qui il a manqué des sourwals ; ils ont beaucoup des difficultés pour exécuter l’ordre. Les vents violents de Moussoro ont tenu coûte que coûte à montrer leurs en dessous au grand public sous l’œil hilare de Deby. Alors ce dernier a parlé. Ses propos ont été largement relayés par nos confrères en ligne, y compris des vidéos, mais la conclusion est significative de l’état d’esprit de Deby : «  je n’ai pas besoin de vous ni en tant que militaires, ni même en tant que tchadiens. Si moi je ne vous demande pas des comptes sur tout le mal que vous m’avez fait personnellement et au Tchad, si je ne parle pas de Hadjer Marfaîne, d’Amgoulème, de N’djaména, de Kapka, etc., vous, vous n’avez rien à me demander et surtout pas des conditions à me poser. Tous les anciens militaires sont définitivement radiés de l’armée. Vous avez 3 jours pour vous disperser dans la nature, ramasser vos clics et claques, les cendres de vos cuissons, ainsi que vos aisances. Laissez les lieux comme vous les avez trouvés. Allez, rompez les rangs !»

Un confrère titrait « la rançon de la traîtrise ». C’est peu dire.

Beremadji Félix
N’djaména


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