Extradition de Habré vers la Belgique : Les victimes attendent l’arbitrage de l’Union africaine – Walf Fadjri

L’extradition de Habré en Belgique apparaît comme l’option la plus efficace et la plus réaliste afin de s’assurer qu’il répondra des charges portées contre lui, devant une juridiction offrant toutes les garanties d’un procès juste et équitable. C’est à ce titre que les victimes exigent l’arbitrage de l’Union africaine.

Exercer une pression sur le Sénégal pour qu’il extrade Hissène Habré vers la Belgique, ainsi que réclamé par la justice belge en 2005 et 2011. Parce que cela apparaît comme l’option la plus efficace, la plus réaliste et la plus rapide afin de s’assurer qu’il répondra des charges portées contre lui, devant une juridiction offrant toutes les garanties d’un procès juste et équitable. C’est tout le sens du conclave tenu, hier mardi, par la coalition d’organisations de défense des droits de l’homme et victimes du régime du président Habré. Qui interpelle ainsi l’Union africaine pour qu’elle ordonne au Sénégal d’extrader Habré vers la Belgique.‘Le moment est venu pour son extradition. Nous aurions préféré voir Hissène Habré jugé en Afrique, mais après 21 ans de procédure sans suite favorable, le plus important est que justice soit fait’, soutiennent les défenseurs des victimes et rescapés, avec notamment Jacqueline Moudeina, présidente de l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme.

Des révélations, les défenseurs des victimes du régime de Habré en ont faites. Ils indiquent que, dans son rapport, la Commission de l’Union africaine a insisté sur le fait que le Sénégal ‘a l’obligation, au regard de la Convention contre la torture de 1984, de juger ou d’extrader Hissène Habré’. Autre chose évoquée lors de cette rencontre, le pays devant abriter le jugement de l’ex-homme fort de N’Djaména.Les victimes de Habré ne veulent pas d’un procès au Tchad. Au motif que les conditions pour un procès respectant les normes de droit international n’y sont pas réunies.

Les défenseurs des victimes du régime de Habré avancent que c’est dans un rapport d’une ‘inhabituelle franchise’, préparé en vue du sommet que la Commission de l’Union africaine a prévu ce jeudi, que l’organisation panafricaine s’est affligée du ‘peu de progrès accompli’ quant à l’organisation du procès depuis qu’elle a demandé au Sénégal, en 2006, de juger Habré au nom de l’Afrique. Ils demandent, en outre, à l’Ua d’envisager d’autres options que celle d’un jugement au Sénégal.‘Le jugement de Hissène Habré est la priorité. Si le Sénégal ne veut pas le juger, il faut l’extrader immédiatement.Le fait que le Sénégal ne veuille pas juger Hissène Habré porte un rude coup à tous ceux qui croient en la capacité de l’Afrique à juger équitablement ses bourreaux, selon Dobian Assingar, Président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, par ailleurs, président d’honneur de la ligue tchadienne des droits de l’homme.La coalition des organisations de défense des droits de l’homme rapporte que, selon la Commission, le Sénégal n’a toujours pas expliqué pourquoi sa délégation s’est brusquement retirée le 30 mai 2011 des discussions avec l’Union africaine à Dakar sur la mise en place d’une Cour chargée de juger Habré. Elle estime, simplement, que le retrait de la délégation de la réunion de Dakar s’inscrit dans plus d’une décennie de ‘manœuvres dilatoires’, de la part du gouvernement du Sénégal.

RESCAPE DES GEOLES TCHADIENNES : Souleymane Guengueng parle

C’est au nom des victimes que le rescapé du régime de Habré, Souleymane Guengueng, s’est exprimé pour apporter son témoignage sur les exactions qu’il aurait subies au Tchad au même titre que ses défunts camarades.‘D’abord, nous avons été torturés par le régime dictatorial de Hissène Habré.Ensuite, depuis plus de 21 ans, nous avons été trompés par les dirigeants sénégalais et africains qui ont refusé que notre bourreau s’explique devant la justice sur les crimes commis contre le peuple tchadien. Le temps nous est compté. Chaque année, des centaines de survivants meurent. L’Union africaine doit rapidement intervenir avec fermeté pour que le Sénégal affronte ses responsabilités et extrade Habré. Sinon, il risque de ne plus y avoir de témoins le jour du procès’, raconte le rescapé. Il ressort du témoignage que le rescapé Souleymane Guengueng a failli mourir de la dengue durant les trois années qu’il a passées dans les geôles.Il fut libéré à la chute du régime Habré, en 1990. Aujourd’hui, il a fondé une association de victimes ayant pour unique but de réclamer justice.

Pape NDIAYE


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