Hissène Habré en sursis Sud-Ouest

Les autorités sénégalaises ont renoncé à extrader l’ex-dictateur tchadien vers N’Djamena.

Hissène Habré respire. Hier, il aurait dû monter dans un avion, direction N’Djamena, où un tribunal l’a déjà condamné à mort par contumace en août 2008. Finalement, le Sénégal a renoncé à extrader l’ex-dictateur, au pouvoir au Tchad de 1982 à 1990, qui vit réfugié dans une maison de Ouakam (à Dakar) depuis vingt ans. Le président sénégalais, Wade, et son ministre des Affaires étrangères, Madické Niang, se sont abrités derrière les Nations unies, dont le haut-commissaire aux droits de l’homme s’est ému du sort qui attendait Habré dans son pays natal.

Extradition vers le Tchad ? « Ce serait une violation du droit international, car il est accusé de tortures et crimes contre l’humanité et risque un procès injuste, la torture et la mort », a argué le représentant de l’ONU. Habré, lui, a fait savoir par ses avocats que rentrer au pays signifiait partir « dans un cercueil ». Il faut dire que le contentieux est lourd : Habré, avant d’être renversé par l’actuel président, Idriss Deby – un ex-compagnon d’armes qui s’était rebellé -, avait laissé sa police politique semer mort et désolation. On lui attribue des milliers de morts et de disparus, opposants et prisonniers politiques.

Plainte en Belgique

L’Union africaine (UA), en 2006, avait demandé au Sénégal de juger Habré, à charge pour lui de monter un tribunal spécial. Pour des raisons politico-financières, ce tribunal n’a jamais été créé et, maintenant, les Sénégalais expliquent qu’ils veulent juger Habré devant leurs propres tribunaux. Alain Juppé, pour la France, demande pour l’ex-dictateur « un procès équitable ». Mais où et quand ?

Une solution pourrait venir de Belgique. Car un mandat d’arrêt international a été lancé en 2005 sur la plainte d’un citoyen belge d’origine tchadienne pour « graves violations du droit humanitaire international ». La plainte court toujours et, hier, le ministre belge des Affaires étrangères a dit que son pays souhaitait voir Habré extradé en Belgique pour y être jugé. C’est aussi l’avis de l’avocat des victimes d’Habré, qui s’est félicité de la décision du Sénégal de ne pas extrader l’ex-président tchadien vers son pays.

Que va faire maintenant le Sénégal ? En annonçant la suspension de l’expulsion, Madické Niang a dit que des consultations allaient être engagées « immédiatement » avec l’UA, pour trouver une solution.

Christophe Lucet


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