Le froid et le chaud – N’DJAMENA BI-HEBDO N° 946 du 1er mai 2006
IDI accumule de bonnes et de mauvaises nouvelles. D’abord la bonne dont il s’est empressé d’en faire un thème de campagne est la reprise des relations avec la Banque mondiale. En froid depuis le mois de janvier, le Tchad et la Banque mondiale sont parvenus à un accord qualifié d’intérimaire qui semble être la suite logique des entretiens engagés en début de mois à N’Djaména.
De ce que l’on en sait, c’est les parties sont parvenues à la conclusion que les problèmes du Tchad sont bien ceux de la mauvaise gestion des ressources publiques. Des préconisations avaient été faites pour améliorer les performances des finances publiques. Sur cela, toute la communauté des bailleurs de fonds est d’accord. Le Tchad doit donc prendre des mesures de correction des anomalies avant de bénéficier du dégel des crédits et d’accéder aux fonds gelés à la Citybank. Les décaissements se font par tranches en fonctions des efforts dûment constatés par la Banque mondiale. Le gouvernement peut souffler, mais l’argent n’est pas près de tomber dans les caisses du Trésor. En fait, sur l’essentiel, le Tchad n’aura pas beaucoup gagné dans le bras de fer engagé avec la Banque mondiale. Bien au contraire, il perd le bénéfice d’accès aux fonds Ppte derrière lesquels des pays mieux nantis comme le Cameroun et le Congo Brazzaville courent.
Les mauvaises nouvelles sont celles relatives à la demande pressante de la communauté internationale du report des élections du 3 mai. Cette demande, les partis politiques et la société civile l’ont réclamée depuis des mois. IDI a fait sourde oreille. A la faveur de la détérioration de la situation militaire du pays, des yeux extérieurs sont venus scruter les choses et ont conclu au caractère surréaliste de l’organisation de la présidentielle à la date fixée. Donald Yamamoto, l’émissaire américain sur lequel N’Djaména comptait pour appuyer sa position s’est démarqué en déclarant qu’il n’est jamais tard pour mieux faire. Le chef de mission de l’Union africaine n’a pas dit autre chose.
IDI, en guise de représailles a refusé de recevoir la délégation en fin de mission d’information au Tchad. Puis, ce sont les Evêques qui demandent au gouvernement de renouer le dialogue et par conséquent le report de la présidentielle. Ce à quoi le ministre Ahmad Allami rétorque que les prélats sont sortis de leur rôle. On se demande bien en quoi les conseils de bon sens et la recherche de la paix sont contraires aux missions des hommes de dieu. Les observateurs notent que la France garde un silence assourdissant alors que le reste de la communauté internationale appelle le président Idriss Déby considérer sereinement la situation pour en tirer toutes les conséquences qui s’imposent. Le risque court IDI est double actuellement: un isolement par rapport à la communauté internationale qu’il a appelée à la rescousse au plus fort de la dernière crise. Mais surtout des élections qui ne seront pas validées quoi qu’il arrive. C’est sur ces entrefaites qu’un rapport des Nations unies indexe le gouvernement tchadien comme principal support des rebelles soudanais alors que le gouvernement soudanais soutient les djandjawid.
Enfin, et c’est l’unique hélicoptère de l’armée nationale tchadienne qui s’écrase alors que les rebelles déclarent orbi urbi qu’ils vont perturber le vote du 3 mai.
La Rédaction
N’DJAMENA BI-HEBDO N° 946 du 1er mai 2006