La désillusion des N’Djaménois – N’Djamena Bi-Hebdo Spécial du 13 avril 2006

Les faux espoirs suscités par le Fucd chez les N’Djaménois les ont poussés applaudir les forces loyalistes pensant que c’étaient leurs libérateurs.

Jeudi 13 avril 2006. autour de 7H40. les habitants des quartiers périphériques, massés tout le long des rues, laissent éclore leur jubilation. Pour cause: une colonne d’une vingtaine ou d’une trentaine de véhicules militaires passent à toute allure par là. Les militaires dans ces véhicules portent des brassards rouges. Des applaudissements et des cris de joie, très appréciés par les occupants des véhicules, qui brandissent, en signe de reconnaissance, leurs armes. Ce sont pense-t-on, les libérateurs – pardon les rebelles – qui entament leur marche triomphale sur N’Djaména.

Certains, brandissant leurs téléphones portables, appellent leurs proches pour leur annoncer la « bonne nouvelle « . Mais ce sont plutôt les forces gouvernementales qui sillonnent les quartiers à la recherche des éléments rebelles, apprendra-t-on plus tard.

N’importe qui, pas Déby

Pourtant, en ce moment-là, les commentaires allaient déjà bon train dans tous les quartiers de N’Djaména. « ll vient de traverser », disent certains. « Non, il a traversé depuis hier. ll se trouve à Tripoli avec toute sa famille depuis hier soir ». « C’est Nahor qui sera président: moi, je serai ministre de la Santé publique », crie un passant, sans doute quelques gouttes d’alcool dans le sang. Un autre dit que ce sera plutôt un des Timan. « Ça sera la même chose ». « En tout cas, mieux que Déby », réplique un troisième.

Au quartier Ardep-Djoumal, une personne accuse une autre d’être de l’Agence nationale de sécurité (Ans). Son interlocuteur se fâche: « Ce n’est pas le moment de raconter de telles bêtises ». Une bagarre, de justesse, est évitée grâce à l’intervention de l’assistance. Au même moment, des cris retentissent au loin, vers l’avenue Charles de Gaules. « C’est le comité d’accueil qui va à la rencontre des nouvelles autorités parce que Déby est parti ».

La joie devient grande, chacun y allant de son commentaire. Bientôt, une interview du président de la République annonce que la situation est maîtrisée par les forces gouvernementales qui ont fait de nombreux prisonniers, morts et blessés dans les rangs des rebelles et continuent de poursuivre les autres qui tentent encore de se sauver. Personne, par dépit, n’ose y croire, taxant IDI d’un menteur qui se trouverait quelque part à la Base militaire française ou à l’ambassade de France. Sous protection française bien sûr. Déby a raison : les prisonniers, les corps, les blessés, les matériels recupérés ou détruits sont presentés à la presse autour de midi.

Déception totale pour les N’Djaménois que les premiers coups de canon. qui ont tonné jusqu’à 10H, ont arraché du lit depuis 5H30. Que se passe-t-il? Personne ne s’est posé cette question. Tout N’Djaména sait que les rebelles du Front uni pour le changement démocratique, dont le mouvement vers N’Djaména était signalé la veille, sont aux portes de la capitale. Dès les premiers coups de feu, les devantures des maisons sont prises d’assaut. Bientôt, les bordures des rues sont bondées du monde surtout des jeunes curieux oui cherchent à bien voir ce qui se passe. Les adultes, pour la plupart sont terrés chez eux conseillant la prudence aux jeunes. Il y a très peu de mouvements sur la route. Les usagers d’engins préfèrent les garer chez eux. Seuls des véhicules militaires passent et repassent, surtout dans les quartiers périphériques où se déroulent les combats. Les marchés, les boutiques, les bars et les restaurants sont en grande partie fermés. Des boutiques et des bars, entrouverts, ou encore les marchés improvisés dans un coin de rue permettent à certains habitants de faire leurs provisions. On ne sait jamais!


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