Comment et pourquoi le Fucd a échoué – N’Djamena Bi-Hebdo Spécial du 13 avril 2006
L’attaque du front uni pour le changement démocratique lancée depuis Moudéina est arrivée aux portes de N’Djanaéna grâce à des complicités haut placées. ll a échoué grâce au sou6en de Famée française et faute de renforts.
Contrairement au discours du chef de l’Etat suivi des généraux selon lequel les forces gouvernementales attendaient les insurgés aux portes de N’Djaména, c’est plutôt une complicité ou trahison, selon le côté où on se trouve, qui a permis aux forces du Fucd de traverser tout le territoire sans rencontrer une véritable résistance.
Ce serait en effet un officier, Hassan Béchir, directeur adjoint du 2éme bureau de l’Etat major (donc les renseignements) qui était la taupe de l’ennemi dans le comité de crise de l’armée gouvernementale, crée pour gérer la guerre contre les rebelles, nous ont annoncé leurs collègues officiers. Le directeur adjoint du B2 a été arrêté en possession des documents du Rdl qui est l’une des composantes du Fucd, ont indiqué ces sources qui expliquent que c’est lui qui a orienté grâce au téléphone satellitaire les rebelles conduits par le colonel Mahamat Issa Outman dans leur progression, leur indiquant les garnisons et les villes facilement prenables. Là dessus, il aura accompli sa mission, car la déferlante du Fucd a pu atteindre N’Djaména avant d’être stoppée. C’est donc grâce à cette taupe et non par stratégie que les rebelles sont arrivés à N’Djaména.
Mahamat Nour veut prendre le pouvoir seul
La percée des troupes du Fuc était si fulgurante que beaucoup d’observateurs, sans être militaires, se demandaient comment allaient-ils faire sans base arrière en cas de riposte? En trois jours, ils ont traversé Moudéina, Haraze Mangueigne, Koukou Angarana, contourné Am-Timan, pris Mongo, Ngama, Dourbali soit près de 1000 km sans s’être vraiment arrêtés, pour placer une base arrière.
Attendraient-ils des renforts qui ne sont jamais arrivés? Ou pensaient-ils que l’action psychologique de leur avancée allait vider N’Djaména avant qu’ils n’y arrivent? En tout cas, le rezzou du 9 au 14 avril a été suicidaire pour cette colonne du Fucd telle que les choses se sont passées. Les hommes étaient déjà épuisés à leur arrivée dans la ville. Beaucoup de prisonniers somnolaient pendant leur présentation par l’armée dans la journée du 13 après les combats. Quelques uns sont morts de soif et de faim, l’assistance étant arrivée très tard.
L’autre raison de l’échec des forces de Mahamat Nour aux portes de N’Djaména est sa détermination à faire cavalier seul pour prendre le pouvoir à N’Djaména. Cet échec associé à celle du 18 décembre devrait permettre au Fuc de tirer les leçons qui s’imposent: Guerroyer Déby en solo ne paie pas.
Si donc, le Fucd a péché dans sa stratégie, il n’en demeure pas moins que c’est surtout Paris qui a sauvé le régime d’Idriss Déby Itno. Et la France qui suivait leur progression depuis le début a été obligé d’intervenir. Ce qui respecte les conclusions des experts de l’Elysée qui avaient arrêté depuis quelques mois déjà que quoi qui advienne, il faudra sauver le soldat Idriss Déby Itno.
Ainsi l’armée française a-t-elle aussi apporté sa part dans le combat contre les avancées de la colonne des rebelles. Après avoir fourni des renseignements sur la progression de l’ennemi aux forces gouvernementales, l’armée française qui disait au début des affrontements s’en tenir à l’accord de coopération a fini par franchir le Rubicon en larguant une bombe en direction des rebelles. Ce n’est qu’un coup de semonce en direction des rebelles déclare Paris pour soutenir ce qui n’est rien d’autre qu’un engagement direct aux côtés de Déby. Sinon comment comprendre que pour protéger les ressortissants français l’on tire à côté d’un des belligérants. Pour tous les tchadiens, il s’agit d’un parti pris dans un conflit tchado-tchadien.
Madjiasra Nako
N’Djamena Bi-Hebdo Spécial du 13 avril 2006