Les religieux chrétiens sortent du silence – N’DJAMENA BI-HEBDO N° 946 du 1er mai 2006
Dans leur Déclaration sur la situation politique du pays du 26 avril 2006, les évêques du Tchad ont relevé: « Nous sommes conscients du caractère délicat de cette déclaration mais nous y sommes poussés par l’amour de ce pays et le sens de notre responsabilité pastorale. Le bien supérieur de la nation est en jeu et exige de s’asseoir autour de la table de négociation ».
En fait, la déclaration des évêques est relative notamment aux combats opposant, le 13 avril dernier, les rebelles du Fuc et les forces gouvernementales en pleine capitale, faisant des centaines de victimes. Selon les évêques, « le coup de force du 13 avril dernier a failli replonger notre pays dans le cercle infernal de la guerre et surtout d’une guerre civile urbaine meurtrière. En effet, tous les ingrédients étaient réunis pour créer une situation de confusion propre à tous les règlements de compte tribaux et politiques ».
Cet événement du 13 avril a obligé, deux jours plutôt, les leaders religieux chrétiens à lancer un appel pour la paix au Tchad. « Le Tchad, après plusieurs an nées de crises graves, s’est tourné vers la reconstruction sur la base d’un consensus national aujourd’hui gravement mis en péril. Le dernier événement du 13 avril 2006 constitue une entrave grave sur le chemin de la paix, de la prospérité et du développement2 », indique l’Appel lancé conjointement par les églises de l’Entente, de la Pentecôte et l’Eglise catholique. Ici, les signataires ont mentionné qu’en tant qu’hommes de Dieu, donc veilleurs et bergers du peuple, leur « mission est aussi d’éclairer tous les gouvernants afin qu’ils gèrent le pays selon la volonté de Dieu, pour le bien du peuple entier ». L’appel lancé par les leaders religieux chrétiens se résume essentiellement à un dialogue sans exclusive pour que le pays retrouve la paix.
Si l’appel a proposé comme premier pas sur la voie de la paix, un cessez-le-feu immédiat sur toute l’étendue du territoire national, la Déclaration des évêques est allée plus loin en proposant comme contrepartie de ce cessez-le-feu la suspension du calendrier électoral. « Nous prions les parties en présence de suspendre toute action pouvant conduire l’autre à des réactions violentes. Le cessez-le-feu serait un premier pas important en échange de la suspension du calendrier électoral. L’appréhension du vide juridique peut trouver sa solution dans une lecture de nos actes fondamentaux visant la recherche de la paix et de la concorde nationale », proposent les évêques.
De part et d’autre, il est relevé comme causes de cette dégradation de la situation politique: les conflits intercommunautaires, la prorogation du mandat présidentiel, la révision de la loi 001, l’organisation des présidentielles contre la volonté de la majorité des Tchadiens, l’absence de dialogue, les nombreuses désertions dans l’armée.
Alladoum Nadingar
N’DJAMENA BI-HEBDO N° 946 du 1er mai 2006