Les promesses dans le desert d’IDI – N’DJAMENA BI-HEBDO N° 946 du 1er mai 2006
A la fin de sa campagne pour des élections virtuelles, IDI vient de faire des sauts de puce en province, promettant routes, écoles, eaux potables et autres monts et merveilles aux populations de Mongo, Am-Timan, Sahr, Moundou, etc. Les foules des villes visitées, mobilisées par les administrations locales clochardisées et les fonctionnaires déserteurs de leur bureau à N’Djaména, ont certainement écouté un air déjà entendu lors de la campagne pour le référendum de mai 2005 et chanté lors de toutes les farces électorales précédentes.
Il est évident pour tous, le Mps ayant reconnu lui-même pendant son dernier congrès ordinaire que ses militants ne versent dans l’ensemble pas leurs cotisations, que les milliards distribués à ses agents électoraux et les sommes accordées aux accompagnateurs d’IDI sont des ressources publiques détournées de leur but. Ces milliards proviennent notamment du report hypothétique en juillet 2006 de l’augmentation de 5 % des traitements des fonctionnaires à appliquer depuis 2005, des contreparties jamais versées du Tchad pour le fonctionnement des projets de développement financés par les partenaires extérieurs et des fonds pétroliers destinés aux investissements des secteurs prioritaires.
La débauche de ressources déployée au cours de la période de vaste kermesse d’avril/mai devrait définitivement édifier les Tchadiens sur les prétendus soucis de Déby Itno pour les générations présentes et futures. Après sa réélection à vote forcée, le régime autocratique poursuivra son œuvre destructrice. Baignant dans la corruption, s’appuyant sur des exécutants dont la médiocrité se dispute avec leur vénalité, ses promesses d’avril 2006 resteront dans les mémoires comme des poissons d’avril retardés échoués dans le désert! De la lutte pour les récompenses post-électorales entre les traficoteurs d’urne, les réalisations les plus sûres à venir sont les achats et constructions de villas dans le nord Cameroun ou ailleurs, les nouveaux mariages et les comptes en banque à Kousseri des heureux élus aux différents postes de l’Administration publique, des projets soit-disant de développement et des entreprises d’Etat.
Les lendemains du 3 mai 2006 du peuple de la campagne et des villes ne chanteront pas mais répliqueront son quotidien actuel caractérisé essentiellement par la précarité de ses conditions d’existence et les inégalités criardes croissantes avec une infime minorité de prébendiers. Dirigés par des incompétents et des prévaricateurs impatients de consommer la rente pétrolière au moment où les cours mondiaux de cette matière première s’envolent, les Tchadiens ne trouveront pas de solution au chômage, au manque de soins et à la dégradation de la qualité de l’éducation, à la morte lente des retraités, à l’insécurité endémique, aux conflits intercommunautaires entretenus, à la désertification progressive, etc. Pire, animé par son esprit revanchard ancré, artificiellement légitimé, IDI tombera son masque démocratique pour sévir contre les « rebelles civils » (opposition politique, société civile, citoyens ordinaires) qui ne sont pas entrés dans sa sarabande sordide.
Pour espérer provoquer (enfin?) un sursaut patriotique salutaire d’Idriss Déby Itno et manifester au couple maléfique Berçot/Chirac le rejet de l’exportation dans notre pays des incapacités de la droite française, les Tchadiens doivent signifier clairement leur refus de la farce coûteuse du 3 mai 2006. Qu’ils consacrent donc plutôt cette journée à la réflexion sur leur contribution à la construction d’un Tchad plus équitable, véritablement solidaire et assurant une vie meilleure à tous! Plus que la filiation d’avec Toumaï galvaudée par IDI, il nous faut retrouver d’urgence la légendaire fierté des Saos.
Correspondance particulière
N’DJAMENA BI-HEBDO N° 946 du 1er mai 2006