Quel dialogue? – N’DJAMENA BI-HEBDO N° 950 du 18 au 21 mai 2006
A peine les résultats provisoires connus, voici que le Mps, à travers son secrétaire général Mahamat Hissène, donne le ton de ce que seront les rapports entre le gouvernement et l’opposition tchadienne. A la vérité, le Mps ne fait pas une bonne lecture de la présidentielle.
Saisi, sans doute, par le vertige de la force, le pouvoir ne veut rien entendre à un dialogue portant sur les vrais problèmes du pays. Le constat que chacun a pu faire est qu’il y a un profond divorce entre la classe la population et efface ce que l’on a pu considérer, jusqu’ici, comme étant un clivage Nord-Sud. C’est la grande prouesse qu’a réalisée le pouvoir actuel. Mais la réalité aujourd’hui, c’est que le pays est coupé en deux: il y a d’un côté, ceux qui détiennent le pouvoir et qui font tout pour le conserver. Peu importe les résultats obtenus dans les domaines qui préoccupent les Tchadiens à savoir: la réduction de la pauvreté, la justice sociale, l’insécurité, la cohabitation raisonnable entre les différentes communauté et la justice équitable pour tous. Dans le meilleur de cas, ils ne consentent à discuter que pour maintenir ce qu’ils considèrent comme acquis de leur pouvoir. Assurément, ils font une lecture autre que celle que nombre d’observateurs font de la scène politique tchadienne. L’Union africaine, les Etats Unis d’Amérique et bien d’autres, peu suspects de sympathie débordante envers les différentes rébellions ou mouvements armés font le constat que le Tchad est malade, très malade. Les dernières élections n’y font rien. Tout le monde s’accorde à reconnaître que la situation est la même avant le 3 mai qu’au lendemain du 14 mai.L’opposition démocratique a boycotté les urnes et de ce que l’on sait de la manière dont cette consultation s’est déroulée, on ne peut que comprendre leur attitude: les jeux étaient pipés d’avance. Ceux qui comme Kassiré ont accepté d’accompagner IDI ne disent pas autre chose.
Une réalité demeure, c’est que désormais il faut s’attendre à ce que les armes parlent là où le dialogue et les bonnes volontés n’ont pas eu droit de cité. C’est sans doute ce à quoi nous prépare le pouvoir lorsque Hourmadji Moussa Doumgor annonce que le Soudan a remis une armée clé en main à Mahamat Nour. Le gouvernement prend par avance l’opinion internationale à témoin.
On se demande bien de quelle opinion internationale il est question lorsque, contre vents et marées, le même pouvoir a fait sourde oreille à l’invitation au dialogue qui lui avait été adressée. Il y a fort à parier que cette opinion internationale n’accorde que peu d’intérêt aux cris d’orfraies lancés par N’Djaména. En fait, pour beaucoup, l’accord sur Darfour obtenu, même au forceps, vaut quelques égards à l’endroit du régime de Khartoum. Et le Soudan se gardera bien d’apparaître en première ligne dans ce conflit. D’ailleurs, ce ne sera pas la première fois qu’il agira ainsi. On se rappelle qu’en 1990, le régime HH n’a jamais réussi à prouver que ce que l’on dénommait la légion Islamique avait une réalité sur le terrain. Pourquoi ne voudrait-on pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets, ce d’autant que les principaux acteurs sont encore en place?
La Rédaction
N’DJAMENA BI-HEBDO N° 950 du 18 au 21 mai 2006