Le champ de ruines – N’DJAMENA BI-HEBDO N° 949 du 15 au 17 mai 2006
Que reste-t-il des promesses du 4 décembre 90 lorsque de manière péremptoire, IDI nous apprenait qu’il nous apportait ni or, ni argent mais la démocratie. Seize ans après avoir cru à cela, nous réveillons comme l’a dit un célèbre homme d’Etat africain, avec les promesses en main, sans or, ni argent mais bien plus grave sans aucune illusion quant à la démocratie.
En effet, pour ce qui concerne l’or et l’argent, il y a belle lurette déjà que nous nous sommes rendu compte que c’est la propriété exclusive de IDI et du clan. Au point que toutes les réalisations effectuées dans ce pays étaient mises sur le compte de bienfaits ou plus précisément des largesses personnelles du président de la République. Ainsi, tout au long de la dernière campagne, le thème favori était de: permettre à IDI de parachever son oeuvre. Et le candidat n’a pas été avare en promesses de tout genre. Nulle part, il n’a été question d’un bilan quelconque du candidat-président. C’est à croire que IDI sollicite le suffrage pour la première fois. D’ailleurs, le mot vendeurs d’illusions pour qualifier ses adversaires est revenu plusieurs fois, comme si ceux-ci avaient eu à exercer des fonctions au niveau où, ils devaient accomplir des choses qu’ils n’ont pas faites.
Ce que l’on peut retenir à propos de l’or ou de l’argent sous le règne de IDI, c’est que pour y avoir accès, il faut renoncer à tout. L’exemple le plus frappant nous vient du cercle universitaire où la compétition se limite à qui prendrait le premier sa carte du Mps pour pouvoir accéder à un poste et jouir des avantages auxquels son savoir et sa science y suffisaient amplement. Triste perspective pour ceux dont la mission est de former nos enfants et jeunes frères qui doivent affronter un avenir qui est en fait un défi fait de travail acharné, d’abnégation où l’excellence est le seul critère. Malheureusement, le message que nos universitaires, et ils étaient nombreux, ont délivré à leurs parents lors de cette campagne, c’est de voter IDI, un point c’est tout. Quand le ventre nous tient!
De la démocratie, on retiendra que c’est l’art de truquer les élections pour se maintenir au pouvoir. Le 3 mai a démontré jusqu’à la caricature l’assertion de Omar Bongo Ondimba, selon laquelle, on ne peut pas être au pouvoir et organiser des élections et les perdre. Ce principe étant posé, tout coule de source. Les populations peuvent boycotter les urnes, les mineurs peuvent voter plusieurs fois, les documents falsifiés, la fréquentation des urnes médiocres, etc. Il se trouvera bien des observateurs pour déclarer, benoîtement, que les élections ont été justes et transparentes, que le taux de participation a été très élevé.
Moralité: après voir perdu toute confiance en l’équipe dirigeante actuelle, le peuple tchadien perd maintenant confiance aux vertus de la démocratie et jure sans doute que l’on ne l’y reprendra plus. IDI et ses amis sont incapables de renverser cette tendance et du coup c’est l’avenir pacifique du pays qui se trouve qui se trouve compromis. Ainsi donc au lendemain du 3 mai, nous nous retrouvons avec un pays sans repères et un peuple sans espoir. Triste Tchad
La Rédaction
N’DJAMENA BI-HEBDO N° 949 du 15 au 17 mai 2006