"Le laxisme des autorités de la région du Lac encourage le phénomène de coupeur de route" – N’DJAMENA BI-HEBDO N° 952 du 25 au 28 mai 2006

Il est sept heures ce matin de mercredi 10 mai 2006 lors­que des véhicules bondés des passagers à destination du marché hebdomadaire de Bol, chef-lieu de la région du Lac, ont été surpris dans leurs con­versations par des coups de feu alors qu’ils sont à environ un kilomètre du village d’Isseirom qui est à 41 km de N’gouri et 50 km de Bol.

Le fait parait surprenant, car il y a exactement vingt deux jours dans les mêmes para­ges, des coupeurs de route ont surgi on ne sait d’où pour dé­posséder des paisibles ci­toyens de leurs biens.

Cette fois-ci, non seulement les bandits s’en sont pris aux biens (51 millions de FCFA), mais ils ont fait également des victimes dont un mort et six blessés parmi lesquels deux ont été évacués à l’hôpital La Liberté de N’Djaména pour re­cevoir des soins plus appro­priés.

Certes, le phénomène de coupeurs de route est on ne peut plus récurrent, mais ce qui heurte la conscience des ci­toyens c’est le laxisme et l’in­différence avec lesquels nos autorités gèrent ce mal qui an­nihile les efforts du gouverne­ment.

Sinon comment comprendre que la gouvernance de la ré­gion du Lac qui est informée dans les minutes qui ont suivi l’attaque ne daigne pas coor­donner la poursuite de ces bandits qui ont pris tout leur temps pour accomplir leur for­fait?

L’autre fait et non de moindre est que la Légion de la gendar­merie, qui a été sollicitée par le gouverneur, s’est présentée à 11 H chez un des fournisseurs de la place pour demander du carburant en vue d’organiser la poursuite des malfaiteurs. C’est comme si les coupeurs de route étaient venus présen­ter un numéro de cirque auquel les gendarmes sont in­vités.

Ainsi donc, après avoir dé­pouillé ces populations de leurs biens, les malfaiteurs à bord de leur véhicule (une Toyota Hilux) se sont dirigés à destination de N’Djaména en passant par le ouadis de Ngouri. En ce moment, les gen­darmes postés à la barrière de Ngouri, qui sont déjà informés de l’événement, les ont pour­suivis jusqu’à l’entrée nord de N’Djaména et ont échangé quelques coups de feu.

Dans leur débandade, les prétendus coupeurs de route ont abandonné un téléphone portable et une carte d’électeur qui ont été transmis au minis­tre de l’Administration du terri­toire par le préfet du départe­ment de Mamdi.

Depuis lors, aucune enquête n’a été diligentée, les bandits se sont « enrichis », les victimes abandonnées à leur triste sort et les populations sans dé­fense méditent de quoi sera fait demain.

Face à la démission et à l’in­différence de l’Etat, une seule issue semble se profiler à l’ho­rizon: celle de s’auto-défendre par tous les moyens qui sont à la disposition de ces person­nes innocentes qui n’espèrent que travailler dans la quiétude et la sécurité.
Le Lac ne doit pas et ne peut pas être le repaire des bandits. Si l’hospitalité, l’acceptation de l’autre, et la tolérance prônées dans cette région constituent, aux yeux de certains individus sans foi ni loi, comme une fai­blesse et bien, qu’ils s’atten­dent à récolter les fruits de ce qu’ils ont semé.

La communauté nationale, notamment les organisations de défense des droits humains sont prises à témoin devant l’inertie de l’Etat. Il sera pro­cédé à la recherche de ces bandits grâce aux renseigne­ments contenus dans la carte SIM Tigo du portable ainsi que ceux retrouvés sur la carte d’électeur et, ça sera « oeil pour œil, dent pour dent ».
A part l’Etat, personne n’a le monopole de la violence légi­time.


Adam Mamadou Djibert
N’DJAMENA BI-HEBDO N° 952 du 25 au 28 mai 2006


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