L’UST relance sa grève générale==Le Progrès N° 1974 du 5 juin 2006==
«L’heure est grave. Si nous ne nous levons pas comme un seul homme, si nous conti¬nuons à faire des grèves amorphes, nous n’al¬lons jamais obtenir ce que nous réclamons », lance le secrétaire adjoint de l’Union des Syndicats du Tchad, M. François Djondang, aux militants réunis en assemblée générale, le samedi 3 juin 2006. Le ton de la grève généra¬le qui démarre aujourd’hui, pour une semaine, révèle la menace de la grève sèche qui est en soute.
Trois semaines après avoir suspendu leur grève générale, « pour préparer la fête du travail », les syndicalistes se disent surpris par le comportement du gouvernement, qui, jus¬qu’à présent, n’entend pas appliquer l’augmen¬tation générale des salaires de 5 % promise par le président de la République. Alors que, d’après le président de l’UST, M. Michel Barka, le gouvernement avait déclaré, lors des négo¬ciations du 4 avril 2006, que cette augmenta¬tion est un acquis à compter de janvier 2006.
Pour le bureau de l’UST, l’augmentation géné¬rale des salaires à 5 % n’était pas sa revendi¬cation. Au contraire, elle avait demandé qu’on augmente les salaires de tous les fonction¬naires de 50 %. Cette proposition aurait amené les autorités, en ce temps, à faire comprendre au bureau exécutif de l’UST que les revenus pétroliers disponibles, pendant cette période, ne leur permettaient pas encore de répondre à ces exigences. C’est ainsi que, selon Michel Barka, l’UST avait accepté de laisser tomber cette revendication et se contenter de l’aug¬mentation des salaires de 5 % promise par le chef de l’Etat pour être appliquée depuis jan¬vier 2006. Malheureusement, d’après les membres du bureau de l’UST, depuis ce temps, rien n’a été fait et le gouvernement voudrait payer les 5 % à compter de juin 2006, après l’adoption du collectif budgétaire, sans aucun rappel. Cette proposition est rejetée par la base.
Les greffers et la communication
L’UST et le gouvernement sont, néanmoins, tombés d’accord sur certains points de reven¬dications, à savoir les reliquats de 10 % des agents sociaux et sanitaires, le versement d’avance de solde pour les agents nouvelle¬ment intégrés dans la Fonction publique et le paiement des frais de transports aux tra¬vailleurs affectés. L’UST recommande au gou¬vernement d’adopter, le plutôt possible, le sta¬tut particulier du personnel des greffes et des professionnels de la communication. Cependant, la lutte s’annonce encore plus âpre. En plus des 5 %, l’UST demande au gou¬vernement d’augmenter les salaires de tous les fonctionnaires de 50 % à compter de jan¬vier 2007. Elle décide de ne pas signer le pro¬tocole d’accord avec le gouvernement si ses revendications ne sont pas satisfaites. « Le gouvernement nous a dit qu’il a actuellement entre ses mains 750 milliards Fcfa de revenus pétroliers. Selon notre petit calcul, si le gouver¬nement augmente les salaires de tous les fonc¬tionnaires à 50 %, il ne va même pas dépenser 40 milliards Fcfa sur les 750 milliards Fcfa. Nous demandons au gouvernement l’améliora¬tion des conditions de vie des travailleurs. Ailleurs, dans les pays producteurs de pétrole, les autorités ont, automatiquement, augmenté les salaires des fonctionnaires de 150 à 300 %. Pourquoi chez nous les gens ne veulent pas faire autant », s’interroge le vice-président de l’UST, M. Younouss Mahadjir. Ainsi à l’unanimi¬té, les militants de l’UST ont décidé, à l’issue de cette assemblée générale, d’observer une grève d’une semaine renouvelable sur toute l’étendue du territoire national, à compter d’aujourd’hui, lundi 5 juin 2006. Une autre assem¬blée est prévue le samedi 10 juin 2006 à la Bourse du Travail. Un service minimum est prévu dans les services essentiels comme les abattoirs frigorifiques de Farcha, l’Hôpital Général de Référence Nationale (HG RN), l’hô¬pital de la Liberté, l’hôpital L’Union de Chagoua et le district de Farcha, en ce qui concerne la ville de N’Djaména. Si rien n’est fait, la semai¬ne prochaine, une grève sèche sera observée sur l’ensemble du pays. Entre-temps, l’assem¬blée générale demande au comité de négocia¬tions de poursuivre les discussions avec le gouvernement pour la conclusion du pacte social.
Abel Nayalta Tassi – Le Progrès N° 1974 du 5 juin 2006