Le dialogue inter-Tchadiens proposé par les USA – N’DJAMENA BI-HEBDO N° 955 du 5 au 7 juin 2006

Lors de son séjour la semaine dernière au Tchad, le Sous secrétaire d’Etat américain chargé des affaires africaines, Donald Yamamoto, a exposé le 30 mai à quelques leaders de l’opposition démocratique le schéma du dialogue national au Tchad que les Usa voudraient bien appuyer. Outre Yorongar, six autres leaders de la coalition des partis politiques pour la défense de la constitution étaient présents à cette rencontre: Kamougué Wadal Abdel Kader, Lol Mahamat Choua, Jean Alingué Bawoyeu, Ibni M. Saleh Oumar, Saleh kebzabo et Salibou Garba.

Le schéma de ce dialogue présenté par Yamamoto se résume en trois points : il s’agira d’amener l’opposition à prendre acte de l’élection présidentielle de Déby Itno du 3 mai dernier et de proposer à Déby Itno de nommer un chef de gouvernement avec de pleins pouvoirs dans le rang de l’opposition! Le tout, selon Yamamoto, est de régler la crise tchadienne qui a des répercussions sur le Darfour.

Après l’exposé des grandes lignes de ce schéma de dialogue, Donald Yamamoto et les siens ont été très peu bavards sur bien de questions que posaient les leaders de l’opposition. Quelles garanties auront ces leaders politiques à s’engager pour ce dialogue? Quelle sera la place de l’opposition armée dans ce dialogue ? D’où proviendraient les pleins pouvoirs du Premier ministre, d’autant plus que la constitution tchadienne donne tous les pouvoirs au président de la République?

En toute réponse, Yamamoto a simplement prévenu que ce processus sera long et difficile. Cependant, c’est un défi que les Usa voudraient bien relever en accompagnant les Tchadiens. Aussi, il appartient aux Tchadiens de trouver des solutions aux difficultés qui surgiront au cours de ce processus.

Sans les pleins pouvoirs à accorder au Premier ministre, ce schéma proposé par les Américains ressemble beaucoup au schéma togolais. Et c’est bien ces pleins pouvoirs du Premier ministre qui pousseront Déby Itno à refuser ce schéma américain. Certes, on ne connaît pas exactement la place des rebelles dans ce schéma. Mais ceux-ci constituent également un élément qui pourrait amener Déby à ne pas jouer réellement le jeu du dialogue. Par expérience, on sait que Déby ne pardonne à ceux qui ont pris des armes contre son pouvoir que lorsque ceux-ci sont enterrés. Il pourra peut être faire la paix avec des rebelles d’autres groupes ethniques mais pas ses corégionnaires du Bet et singulièrement ses frères Zaghawas.

Bref, on attend de voir dans son ensemble ce schéma de dialogue proposé par les Américains avant de se prononcer sur ses chances de réussite. A l’état actuel, il ne peut qu’inspirer du dégoût à Déby Itno.

Jean Claude Nékim
N’DJAMENA BI-HEBDO N° 955 du 5 au 7 juin 2006


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