Il faut négocier – N’DJAMENA BI-HEBDO N° 955 du 5 au 7 juin 2006
Déby Itno tout auréolé de sa victoire que le Mps ne cesse de fêter à travers tout le pays, à en croire la radiodiffusion nationale, doit se poser moult questions en ce moment. En effet, tout semble indiquer que l’étau se ressert inexorablement autour de lui pour l’obliger à aller au dialogue. En même temps que IDI reçoit lettres et messages de félicitations, de nombreuses délégations se succèdent à N’Djaména, qui pour évaluer la situation réelle du pays, qui pour suggérer les voies de sortie de la crise.
D’un côté la communauté internationale condamne toute prise de pouvoir par la force, alors que le pouvoir de N’Djaména vient de montrer que sa légitimité est plus que relative à travers la dernière présidentielle. Les performances dudit pouvoir, tant sur le plan des résultats économiques que de la gouvernance, sont médiocres, ce qui rend douteux tout soutien à son égard.
La dernière en date est celle des membres de l’Assemblée parlementaire africaine. Les émissaires rencontrent à tour de bras les différentes composantes de la société nationale. Du peu que l’on sait de tout ce remue ménage, c’est que les uns et les autres estiment qu’il est grand temps de faire quelque chose pour conjurer le mauvais sort qui profile à l’horizon. Les uns et les autres ont fait le constat que si rien n’est fait, le Tchad risque de s’embraser à nouveau. Les signes les plus palpables sont: au niveau politique le langage de sourd entre le pouvoir et l’opposition démocratique.
Le succès du boycott de la présidentielle, tout en accentuant le phénomène, a mis en évidence les faiblesses du régime en place: un pouvoir isolé à l’intérieur qui doit faire face à une rébellion qui a manqué de prendre le pouvoir à N’Djaména. La bataille de N’Djaména a été destructrice. En l’état actuel des choses tout indique que les rebelles vont récidiver.
Que faire dans ces circonstances? La seule voie est d’amener les uns et les autres au dialogue. Le temps presse. Le mois prochain, l’Union africaine doit se réunir à Banjul et personne ne voudrait que la querelle entre le Soudan et le Tchad tienne la vedette. Le seul moyen d’éviter d’en arriver là est que la crise inter-tchadienne connaisse un début de règlement. Le Soudan aussi est pressé de voir les rebelles tchadiens quitter son sol avant l’arrivée des éléments des Nations Unies. La saison de pluies approche. Si rien n’est fait, les rebelles seront renvoyés chez eux avec armes et bagages. Selon de sources concordantes, les rebelles se sont bien réorganisés et rien n’indique que les loyalistes puissent tenir le choc lors des prochains engagements. Ce qui mettrait les uns et les autres dans une situation fort embarrassante.
Le Tchad est devenu un enjeu géopolitique et économique important. Personne n’a intérêt à ce que le pays s’embrase de nouveau et devienne le champ d’affrontement des grandes puissances. Les conséquences seront incalculables pour la sous région. C’est pourquoi beaucoup estiment donc que IDI a été bien récompensé pour les services qu’il a naguère rendus et que le moment est venu pour lui de le comprendre. Il n’a d’autre choix que de négocier. C’est la meilleure solution pour tout le monde.
La Rédaction
N’DJAMENA BI-HEBDO N° 955 du 5 au 7 juin 2006