Week-end sanglant – N’DJAMENA BI-HEBDO N° 956 du 8 au 11 juin 2006==
Le week-end dernier, les affrontements ont opposé rebelles et loyalistes à Tiné au nord-est. Les services de communication de la présidence ont commis une bourde en annonçant la mort du chef rebelle Mahamat Nour Abdelkérim.
Les versions varient selon les sources quand on cherche à savoir qui est monté le premier à l’assaut. Selon le gouvernement, ce sont les rebelles qui ont attaqué à bord de 67 véhicules de marque Toyota, mais ont été repoussés par les loyalistes. Les rebelles de leur côté accusent les gouvernementaux de s’être aventurés vers une de leurs positions, le secteur nord. C’est pourquoi ils ont été pris à partie par ceux-ci jusqu’à Tiné. Ils annoncent avoir détruit deux chars AML, trois véhicules de transport de troupes, récupéré deux armes de type 14,5 et enregistré une centaine de ralliés et de prisonniers sans mentionner leur propre bilan.
Le bilan du gouvernement annonce dix morts et dix sept blessés du côté gouvernemental, un véhicule BMP détruit du côté des loyalistes et vingt deux morts et trente sept blessés et quatre véhicules tout terrain de l’ennemi détruits.
Au moment où nous mettons sous presse, le sort de la ville de Tiné est incertain. Les uns et les autres prétendent contrôler la ville et que des combats se dérouleraient aux alentours de la ville d’Adré.
Un canular
Le premier communiqué du gouvernement annonçant l’attaque de la sous-préfecture de Tiné a annoncé également la mort de « la tête pensante du Fucd, le capitaine Mahamat Nour Abdelkérim à Dubaï ». Le communiqué indiquait que le chef rebelle était en route pour la Chine populaire quand il mourut de crise cardiaque.
Le communiqué sera démenti par Rfi qui a interviewé le chef rebelle. Ce qui traduit une légèreté dans le traitement de l’information mais aussi l’intention du gouvernement d’assassiner le chef rebelle. Certaines informations indiquent qu’il s’agit d’un canular balancé par les services secrets soudanais à travers un agent double qui renseigne le gouvernement tchadien. Sûr de son information, le gouvernement l’a balancée. Le fait à lui seul discrédite énormément ceux qui ont géré l’information. A moins qu’il ne s’agisse d’une manœuvre pour distraire l’opinion par rapport aux déboires du fils de l’Etat avec la justice française. Mais il est désormais clair que le pouvoir veut abattre le chef du Fucd.
Dans notre précédente édition, une information de la Lettre du continent indiquait qu’Idriss Déby a commis des mercenaires qui devaient assassiner Mahamat Nour Abdelkérim au Caire où ils devaient l’attirer en se présentant comme des agents de la Dgse. Les fins limiers ont empoché le magot et ont disparu sans avoir rempli le contrat.
Le communiqué de la présidence comporte aussi une contradiction qu’il faut relever. En désignant Mahamat Nour comme la tête pensante du Fucd, il s’inscrit en faux contre le discours qui a jusque là présenté les rebelles comme des marionnettes, des mercenaires à la solde du Soudan
Madjiasra Nako
N’DJAMENA BI-HEBDO N° 956 du 8 au 11 juin 2006