La révision des textes au goût des alliés du Mps – N’DJAMENA BI-HEBDO N° 987 du 26 au 29 octobre 2006
Le Mps et ses partis politiques alliés avaient recommandé la révision des textes lors de leur monologue politique. Au final, les textes révisés sonnent le glas des partis alliés.
Le conseil de ministres du week-end dernier a révisé trois textes de l’arsenal juridique des élections au Tchad. Il s’agit des textes relatifs à la charte des partis politiques, au code électoral et à la commission électorale nationale indépendante. Pour le porte-parole du gouvernement, l’adoption de ces textes concrétise la volonté du gouvernement de traduire dans les faits les conclusions du dialogue politique qui avait réuni en août dernier le parti au pouvoir, le Mps, et ses alliés. Mais le toilettage opéré par le gouvernement n’a pas été agréé par tous les partis politiques alliés. Certains amendements sont même liberticides pour certains alliés du Mps.
Outre le code de conduite qui lui est annexé et qui doit être observé scrupuleusement par les partis politiques, la charte des partis politiques dispose dans son article 14 bis que les membres fondateurs d’un parti politique doivent être issus d’au moins deux tiers des régions du pays, à raison d’au moins trois par région.
Ensuite en son article 34 bis, la même charte précise que le bénéfice de la subvention annuelle sur le budget de l’Etat ne peut être accordé que proportionnellement au nombre de voix que les partis politiques ont recueillies lors des dernières élections nationales. Par élection nationale, le gouvernement entend l’élection présidentielle ou les élections législatives. Et si les élections législatives sont les dernières élections nationales en date, la répartition de la subvention annuelle est opérée au seul bénéfice des partis politiques qui justifient d’avoir engagé des candidats dans au moins un tiers des circonscriptions électorales du pays. Plusieurs partis politiques qui engagent une liste commune ou soutiennent un candidat commun, bénéficient d’une subvention unique calculée proportionnellement au nombre de voix recueillies par leur candidat ou par leur liste commune selon le cas. Quand on sait que le tiers des circonscriptions électorales pour les élections législatives au Tchad se chiffre à 84, aucun autre parti politique, hormis le Mps, ne peut présenter autant de candidatures et bénéficier de cette subvention.
Enfin, les dispositions conservatoires disposent à l’article 36 bis que « l’autorisation de fonctionner devient nulle si le parti politique ne s’engage dans aucune élection nationale pendant une période de cinq ans sauf en cas de report des élections ». En d’autres termes, les boycotts des élections ne seront plus tolérés. S’agissant du code électoral, les amendements substantiels concernent les moyens de preuve lors du dépouillement du vote. Ainsi, en rajout à l’article 74, un alinéa dispose qu’une « fiche de résultats est obligatoirement remise au délégué de chaque candidat comme moyen de preuve. Le refus délibéré de remise de la fiche de résultat au délégué de chaque candidat est puni des peines prévues par le présent code ».
Sur ce point, les alliés avaient plutôt demandé lors du dialogue politique que soit remis au délégué du candidat comme moyen de preuve le procès verbal du vote. Ainsi, ce procès verbal doit être autocopiant. Mais les services du Premier ministre ont retenu la fiche de résultats. Au conseil de cabinet, le Dr Kassiré avait réagi contre ce changement, il s’est trouvé, au sein du conseil, des ministres chefs de partis alliés pour rappeler au Dr Kascou que la rencontre des chefs des partis au dialogue politique a adopté la fiche de résultats à la place du procès verbal. L’arbitrage du chef de l’Etat n’a pas fait avancer ce point!
Enfin pour la Céni, les modifications majeures touchent à ses missions, à sa composition et à son fonctionnement. Pour ses missions, un aliéna ajouté à l’article 2 charge la Céni de déterminer et arrêter le nombre des bureaux de vote en collaboration avec le ministère de l’Administration du territoire et les partis politiques. Concernant sa composition, au lieu de l’ancienne répartition qui accordait un quota de 13 membres au gouvernement, 15 aux partis politiques représentés à l’Assemblée nationale et 3 aux partis non représentés à l’Assemblée nationale, le nouveau quota donne 1/4 au gouvernement, 2/4 aux partis politiques représentés à l’Assemblée nationale et 1/4 aux partis non représentés à l’Assemblée nationale
Enfin la Céni ne peut valablement délibérer qu’en présence d’au moins deux tiers de ses membres.
Jean Claude Nékim
N’DJAMENA BI-HEBDO N° 987 du 26 au 29 octobre 2006