Le glas a-t-il sonné – N’DJAMENA BI-HEBDO N° 987 du 26 au 29 octobre 2006
Cette fois-ci les choses paraissent plus sérieuses que ne laisse entrevoir le silence que les différents protagonistes des derniers affrontements observent sur la conduite des opérations. Nous en voulons pour preuve les consignes de sécurité que les humanitaires et diplomates en place ont donné à leurs employés. C’est pour l’essentiel l’alerte rouge tant à l’Est du pays que sur les champs pétroliers du sud du pays. Il se pourrait également que la mission conjointe Banque mondiale-Fmi attendue ces jours-ci à N’Djaména soit différée. Pendant ce temps, la population affiche une certaine indifférence face à tout cela. Preuve que cette guerre sans fin a fini par épuiser tout le monde. Les rebelles l’ont sans doute compris pour jeter toutes leurs forces dans la bataille dans une sorte « perdue-perdue, gagnée-gagnée ». Il va sans dire qu’ils ont mûrement pesé le pour et le contre avant de lancer l’offensive. Ils ont certainement reçu tout l’équipement nécessaire. Qu’il s’agisse de Mahamat Nouri ou de Acheikh Ibn Oumar, ils capitalisent de longues années d’expériences de terrain et connaissent parfaitement le théâtre des opérations. Ils ont également une ascendance certaine sur leur communauté ethnique.
A N’Djaména, c’est aussi le branle-bas de combat. Aux dires de certains proches du pouvoir, IDI considère cette énième bataille comme la plus déterminante. La survie de son régime en dépend et cela, il l’aurait clairement signifié à ses partisans. Des moyens colossaux ont été dégagés à cet effet: moyens humains et matériels. On parle même d’un système d’arme inédit, ce qui a obligé les ‘rebelles à abandonner leur refuge des grottes et adopter une tactique mouvement. Les moyens de faire la guerre ne manquent pas. N’Djaména vient de recevoir de l’argent frais: la somme que Chevron et Pétronas ont décidé de payer en règlement du différend qui les a opposés au Tchad. Cet argent ne peut pas mieux tomber pour le régime: Est-ce seulement une affaire d’argent, même si l’argent est à juste titre considéré comme le nerf de la guerre? En effet, les combats de septembre dernier ont laissé des traces importantes sur le moral des troupes. Ce qui n’est pas sans rappeler les combats des derniers mois du règne de Hissène Habré. La question qui se pose en ce moment est de savoir quel peut être le degré d’engagement de la France aux côtés de Déby Itno. Paris dit tenir à la stabilité du Tchad, mais IDI est-il vraiment l’homme de la situation compte tenu des griefs sans cesse formulés par le Soudan à son encontre relativement à la crise du Darfour? En dehors de l’appui logistique qu’elle peut apporter, on voit mal la France s’engager directement dans le conflit. Avec la crise en Côte d’Ivoire et les différents engagements de ses forces dans les missions internationales, la France est à la limite de sa capacité de projection.
La Rédaction
N’DJAMENA BI-HEBDO N° 987 du 26 au 29 octobre 2006