La grève sèche et illimitée de l’UST se prolonge – Le Temps N° 485 du 28 juin au 04 juillet 2006
Déclenchée le 12 juin 2006 pour contraindre le gouvernement à concrétiser la promesse faite par le président de la République en septembre 2004 d’augmenter le salaire des fonctionnaires du secteur public de 5% avec un rappel à compter du 1er janvier 2006, la grève de l’UST vient d’être reconduite pour une durée illimitée. Au départ la centrale syndicale avait exigé du gouvernement l’application de cette augmentation à partir de 2005, l’UST a cédé.
Le gouvernement mettant en avant la conjoncture économique qui frappe le pays, n’accepte d’appliquer cette augmentation des salaires qu’à partir de ce mois de juin. Ce que rejettent les travailleurs regroupés au sein de l’UST qui exigent un rappel à partir de janvier. A l’issue d’une assemblée générale tenue le 24 juin dernier à la bourse du travail, les travailleurs ont réaffirmé à l’unanimité leur volonté de poursuivre leur mouvement jusqu’à la satisfaction totale de leur revendication. Une situation qui risque d’ankyloser davantage la situation notamment dans le secteur de la santé.
A l’hôpital général de référence national, un des grands établissements sanitaires de la capitale, le spectacle est désolant. Les malades sont abandonnés à leur triste sort. Le personnel requis par décret présidentiel brille par son absence. Les services sensibles comme la chirurgie ou la maternité sont abandonnés par les agents. A partir de cette semaine, déclare un agent aux pavillons des urgences, même le service minimum observé au niveau de la maternité n’existera pas parce que les hommes en blouse blanche ne sont pas contents. Leur statut particulier qui devrait être appliqué à 10% à compter de janvier dernier a été occulté au cours du conseil des ministres de la semaine dernière qui a adopté le collectif budgétaire. Les travailleurs réunis au sein du syndicat des travailleurs de la santé et des affaires sociales avertissent que même si un compromis est trouvé entre le gouvernement et l’Union des syndicats du Tchad, eux, continueront à observer la grève jusqu’à l’obtention de leur 10%.
La grève de l’UST paralyse l’administration publique. Le Palais du gouvernement qui abrite la plupart des ministères qui grouille habituellement de monde, est désert. En dehors de quelques décrétés et le personnel des cabinets ministériels et sont visibles, les autres agents observent à la lettre le mot d’ordre de leur centrale syndicale.
Pour le secrétaire général adjoint de l’union des syndicats du Tchad, tant que le gouvernement ne s’assiéra pas avec sa centrale autour de la table, le pacte social qu’il appelle de tous ses voeux ne sera pas signé. Sur les rumeurs selon lesquelles le gouvernement entend sanctionner les grévistes en leur coupant leur salaire du mois de juin 2006, certains responsables de l’UST ont demandé à leurs militants de garder leur calme. «Ne cédez pas au chantage», conseille un membre influent de l’union des syndicats du Tchad qui souligne que si ces menaces venaient à être mises en exécution, l’UST usera de toutes les voies légales pour ramener le gouvernement à la raison. Celle-ci le tient pour seul responsable de ce qui pourrait advenir.
Laldjim Narcisse Mbainadji
Le Temps N° 485 du 28 juin au 04 juillet 2006