Editorial : Tsunami au sommet – Le Temps N°496 du 25 au 31 octobre 2006

Selon des sources concordantes, très bientôt, un violent séisme secouera le microcosme politique tchadien. Pa­reil au vent de l’Est qui a fait tomber une à une les dicta­tures en Afrique, ce nouveau vent serait insufflé par certaines puissances et organisations mondiales soucieuses de la bonne gouvernance dans les pays pauvres et émergents. La mauvaise gestion des aides internationales al­louées à ces pays pour atteindre d’ici l’an 2015 l’objectif du millénaire dont la bête noire demeure la lutte contre la pauvreté serait à l’origine de cette vaste opération, désormais condition sine qua none d’octroi des aides à ces pays. Ce vent d’assainissement viendra remettre les pendules à l’heure dans les pays où les pouvoirs sont trempés dans la corruption, sclérosés par la gabegie et gangrenés par la mauvaise gestion. La création en cascade des ministères du contrôle d’Etat obéirait à cette nouvelle donne.

Ce vent en question, dit-on, serait déjà à la porte du Tchad et les victi­mes, au sein du gouvernement tchadien, se comptent déjà par dizaine. En tête de liste, figure l’incontournable militante Mariam Atahir, ancienne minis­tre de l’action sociale et de la famille, actuelle trésorière de la Commission Nationale Electorale et son Directeur administratif et financier, actuellement sous les verrous. On reproche à ces deux personnes d’avoir détourné plus d’une dizaine de millions. Un autre militant du parti au pouvoir, ancien ges­tionnaire de la CNRE en sa qualité d’ancien ministre de l’intérieur Zen Bada Abbas est, lui également dans l’œil du cyclone. On reproche à l’ancien mi­nistre de l’intérieur d’avoir lui aussi englouti des centaines de millions. Dans la foulé, apparaissent des noms de plusieurs autres anciens dignitaires du régime tels, Mahamat Nasser Hassan et le Dr Moctar Moussa tous deux anciens ministres du pétrole, suivis de MahamatAli Hassan ancien ministre du plan impliqué lui également dans la récente mauvaise gestion du dossier pétrole. Vient s’ajouter Adoum Diar ministre de l’Elevage qui n’a pas lui aussi hésité de s’empiffrer. Quant à Adoum Djorou SG du Tourisme on l’accuse d’avoir déplacé une faramineuse somme de 169 millions. Ali Zène Fadel, DG de Sotel a fait plein les poches des recettes de cette institution.

Un autre dinosaure, Mahamat Abdoulaye, ancien ministre de la Décen­tralisation serait sur la sellette. Ce projet qui a bénéficié d’importants finan­cements n’a pas vu son aboutissement comme on l’espérait. Ce n’est pas tout. Un puissant Mogo du régime, MahamatAli Abdallah, pressenti depuis toujours comme le potentiel dauphin de IDI n’est pas resté les doigts croi­sés lors de son passage à l’intérieur. Comme son prédécesseur Zen Bada, lui aussi a caressé la cagnotte destinée à organiser le recensement électo­tal. L’avalanche d’interpellations débutera avec ce tout puissant du régime le 16 novembre 2006 par l’AN. La liste, semble-t-il, n’est pas exhaustive. Une autre sera très bientôt ouverte par le ministère de la moralisation, et des têtes tomberont encore. Mais que nous inspire toute cette mise en scène ? Premièrement, Déby épinglé par les bailleurs de fonds veut redorer son blason. Présenter à ceux-ci, une image soignée d’un Tchad pourtant mal en Point. Ce qui, non seulement lui éviterait les sanctions financières mais le mettrait sous le parapluie des ces puissances contre les velléités de El Béchir et des rebelles tchadiens. Seulement à force d’envoyer en prison ses an­ciens compagnons, Idi ne risque-t-il pas de laisser des plumes? Puisque tous ces dignitaires ont d’une manière ou d’une autre, participé avec ces fruits de prévarication à sa pérennisation au pouvoir. Deuxièmement, en se prêtant à ce jeu pourtant dangereux, IDI court un autre risque, celui de se mettre à dos tous ses anciens camarades de lutte qui, eux également n’hé­siteront pas de renouer avec leur « nostalgique maquis ».

La Rédaction
Le Temps N°496 du 25 au 31 octobre 2006


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