Editorial: La Bérézina électorale? – L’Observateur N° 374 du 5 mai 2006

singa Pour ce 3 mai, date du premier tour des élections présidentielles, beaucoup de tchadiens craignaient le pire. Et le pire pour eux c’était une probable attaque des rebelles du FUCD qui ont promis tout mettre en œuvre pour empêcher que se tiennent ces élections. Si beaucoup ont préféré déserter les quartiers périphériques, théâtres des affrontements douloureux du 13 avril, nombreux ont été ceux qui ont sauté le pas en décidant de mettre leurs famillés à l’abri, de l’autre côté du Logone dans la ville voisine de Kousseri. Mais comme Déby Itno l’a si opportunément relevé alors qu’il accomplissait son devoir civique ce 3 avril, rien n’est venu troubler l’ordre établi et « aucun mercenaire n’est venu perturber les élections ». Quid donc d’une journée apocalyptique annoncée.

Seulement si le Président de la République a relevé le défi d’organiser les élections dans ces conditions, il a perdu un pari important; celui avec les électeurs qui ont choisi de ne pas répondre à son appel en boudant les urnes qui sont restées désespérément vides. Cette donne comment le Président Déby Itno entend t-il la gérer? Nul ne le sait. Car en prenant ce risque majeur, il a mis à nu la vraie nature de son régime. Un régime honni par tous et dont les tchadiens n’attendent plus grand chose. C’est Donald Yamamoto, le Sous secrétaire d’Etat américain aux Affaires Africaines qui a dit une chose importante: « Les échéances de cette nature doivent répondre aux aspirations des populations ». Les élections du 3 mai répondent-elles aux vraies aspirations et aux voeux des populations tchadiennes? En toute logique non. Car les différentes crises qui ont émaillé leur vécu ces temps-ci ont montré que le contrat de confiance entre elles et leur président est complètement rompu. Le Président de la République aurait du comprendre ce message et engager le dialogue a temps pour sauver ce qui pouvait l’être encore. Il s’est entêté. Eux aussi, pour la plupart ont dit TROP c’est TROP.

Sy Koumbo Singa Gali
L’Observateur N° 374 du 5 mai 2006


Commentaires sur facebook