L’école de Ba Illi va à vau l’eau – L’Observateur N° 376 du 17 mai 2006

Dans un pays à vocation agropastorale comme le Tchad, les institutions comme l’Ecole de Ba Illi, sont un outil indispensable pour le développement. Malheureusement, cette école prestigieuse qui a su former des cadres de haut niveau est en butte aujourd’hui à de sérieux problèmes qui com­promettent sa bonne marche. Les anciens de cette école tirent la sonnette d’alarme.

Située sur l’axe N’Djaména Sarh, principalement à Ba Illi dans le département du Logone Chari, l’Ecole des Techniques d’Agriculture se trouve à 265 km de N’Djaména et à environ 40 km de Bousso, chef lieu dudit département. Ancienne sta­tion agronomique, elle a été fondée en 1948 par Jean Rendu un ingénieur fran­çais, avec comme vocation première la recherche dans le domaine de la culture du coton. L’établissement a progressive­ment évolué avec la formation des cadres de l’agriculture subalternes puis moyens et est devenu en 1988 par le décret 140/PR/MADR/87 une école inter-ministé­rielle de formation dénommée Ecole des Techniques de l’Agriculture (ETA) qui s’est vue confiée en plus la formation des pre­miers cadres moyens des Eaux et Forêts sur le territoire national.

De nombreuses études ont été effectuées afin d’améliorer le niveau d’enseignement de formation et d’accroître le nombre des techniciens. Grâce à une étude appelée « Horizon 2000 « , il s’est dégagé un besoin de recrutement et de formation de cinq promotions qui seront formées en tech­nique d’agricultures et conducteurs de niveaux B4. Ce sera dans une durée de 8 ans avec un total de 125 personnes.

Pour cela la Direction de l’Enseignement Agricole, des Formations et de la Promotion Rurale (DEAFPR) a mis sur pied un programme de formation modulai­re à l’attention des Agents Techniques d’Agriculture pour accéder au grade de conducteur des travaux Agricoles dès mai 1996.

Les Agents Techniques des Eaux et Forêts ont reçu aussi une formation pour accéder au grade d’Adjoints Techniques des Eaux et Forêts et les préposés des Eaux et Forêts en Agents Techniques des Eaux et Forêts à partir de la 2ème promotion en juin 1998.

Jusqu’à cette date, l’E.T.A était demeurée aux yeux de tous comme un précieux cen­tre de formation ayant fourni à l’Etat des cadres compétents. Mais à partir de mai 2000, avec la mise en place de sa poli­tique d’ouverture sur le privé avec la for­mation des auditeurs libres envoyés soit par les organisations paysannes (O.P), soit par les parents, tout est allé à vau l’eau: Recrutements arbitraires ou com­plaisants sans tenir compte du niveau des candidats. L’effectif des élèves est devenu trop élevé, donc inapproprié à une école de formation professionnelle, tandis que l’enseignement trop théorique ne permet pas de développer les aptitudes des apprenants. Une absence de préparation sur le terrain et de suivi des stages en plus de la lourdeur de l’appareil administratif constituent un obstacle à la bonne gestion du personnel.

La mauvaise gestion des ressources humaines, matérielles et financières, l’insuffisance des enseignants perma­nents et le manque des moyens audio­visuels rendent encore les choses plus dif­ficiles. Au niveau pédagogique il y a une absence totale de travaux pratiques (grandes cultu­res, expérimentation) au profit des élèves. La mauvaise gestion du capital foncier, matériel et humain, le mauvais entretien du parc à bétail (absence de dressage des animaux), le manque de matériels agricoles (aratoires, labour,…) et la mau­vaise production durant les trois campa­gnes successives due au manque de plan de travail tirent vers le bas l’Ecole et le niveau des étudiants C’est pour cela, que nous dénonçons cette mauvaise pratique sciemment entretenue par nos responsables (DEAFPR et ETA) qui n’honore plus cette école dont les mérites ont pourtant dépassé les frontiè­res de notre pays dans ses jours fastes.

Les anciens de Ba ILLi
Mahamat Saleh, Sou Djimadoum , Ngar Raphaël et Thomas Masdangarti (profes­seurs)
(Le titre et le chapeau sont de la Rédaction)
L’Observateur N° 376 du 17 mai 2006


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