Editorial: Le dialogue exclusif en question! – L’Observateur N° 380 du 14 juin 2006

Au Tchad nous sommes passés maîtres dans l’art de louvoyer. Et les manoeuvres qui viennent de commencer à propos du dialo­gue national que les tchadiens lamda atten­dent et appellent de tous leurs voeux mont­rent que le système marche à merveille. Car au lieu de poser les vrais problèmes pour y trouver des vraies solutions, le Président dé la République et ses têtes pensantes préfè­rent les contourner. Et les manipulations éhontées, elles, ont commencé! L’opposition politique ignorée jusque là, humiliée, mépri­sée voire même diabolisée, est subitement devenue fréquentable.

Au point que le régi­me veuille en faire l’interlocutrice privilégiée sinon essentielle. En fait, le dialogue exclu­sif que propose le Président Déby et auquel il veut associer l’opposition légale n’est qu’un piège à cons dans lequel il veut l’atti­rer pour mieux l’enfoncer. Mais en même temps, et en fin manipulateur, Déby recher­che à travers cette démarche plus qu’inté­ressée, cette légitimité que lui ont refusée ses opposants en s’abstenant de se présen­ter aux élections présidentielles du 3 mai. Quid donc des solutions aux vrais problè­mes du Tchad qui sont, résumés en 4 mots: mauvaise gouvernance politique et écono­mique. Et place à la gesticulation stérile.

Il est aujourd’hui grand temps que le pouvoir se réveille de sa cécité politique et commen­ce à poser les vrais débats. Et le vrai débat c’est régler les problèmes des tchadiens qui s’engluent dans une paupérisation sans fin, et laisser ceux des soudanais aux souda­nais. Aujourd’hui que veulent les tchadiens? C’est d’abord la paix, qui est la condition sine qua non au développement. Et vouloir la paix, c’est casser définitivement le cycle de violence dans lequel on s’empêtre depuis plusieurs années. Si c’est cela, il va falloir faire taire les armes. Et faire taire les armes, c’est amener les politico-armés à s’asseoir à la table de négociations pour pouvoir les écouter. Pour une fois les dirigeants actuels doivent laisser leurs coeurs parler et ne pas laisser leurs orgueils et leurs petits calculs d’intérêts prendre le dessus. Sinon notre descente aux enfers ne sera que plus pro­fonde.

Sy Koumbo Singa Gali
L’Observateur N° 380 du 14 juin 2006


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