Editorial: On joue à cache-cache – L’Observateur N° 383 du 5 juillet 2006
Comme il fallait s’y attendre, Hissein Habré l’ancien dictateur tchadien vient une fois de plus de passer entre les mailles du filet. En effet le syndicat des chefs d’Etat a décidé de lui donner un nouveau quitus en se prononçant pour son jugement au Sénégal, pays qui on ne souvient que trop bien s’était déclaré incompétent. Ce qui vous vous en doutez bien demandera du temps puisqu’il faudra modifier la constitution sénégalaise et bien sur de l’argent. Et quand l’on connaît l’état déplorable des finances de l’U.A, il n’est point question de se faire des illusions.
En attendant, hormis les victimes, tout le monde y aura trouvé son compte. Le pouvoir en place d’abord car qu’on le veuille ou non, il reste en grande partie l’émanation du pouvoir défunt. Le fameux syndicat des chefs d’Etat qui après la déconvenue de l’ex- président Charles Taylor semble vouloir resserrer ses rangs de peur d’être lui aussi victime de cette « charia » à l’occidentale. Enfin des anonymes qui d’une manière directe ou indirecte auront mis la main à la pâte dans la pérennisation du régime Hissein Habré. Comme on le voit, si les intérêts sont grands, les intéressés directs n’en sont que plus petits. Et pourtant la roue de l’histoire inexorablement continuera de tourner. L’Afrique à travers l’exemple de Taylor ne peut plus se voiler la face. On ne crache pas – quoiqu’on le dise sur la vérité. C’est justement pour avoir toujours voulu naviguer à vue que le continent africain se cherche et ne se retrouve pas. Et le Tchad à l’instar des autres pays ne peut continuellement tourner en rond. Car comme le disait si bien Pierre Akendégué « Vivre sans vivre la liberté dans son pays, ce n’est pas digne d’un peuple considérable. Pourtant tout peuple est considérable.
Sy Koumbo Singa Gali
L’Observateur N° 383 du 5 juillet 2006