Editorial: Le cul de sac – L’Observateur du 25 octobre 2006
Le dimanche dernier, une coalition de mouvements rebelles (FUC, UFPD, SDR) regroupé au sein de l’UFDD (Union des Forces pour la Démocratie et le Développement) annonçait par la voix de son Vice Président Acheickh Ibni Oumar, la prise de la localité de Goz-Beïda, située à l’Extrême Est du Tchad à une centaine de km de la frontière soudanaise. Tout naturellement, le Gouvernement a annoncé avoir repoussé cette attaque. Cela fait la nième fois que ce scénario se répète et à vrai dire bon nombre de tchadiens, à l’heure actuelle, y perdent leur latin, ne sachant même plus qui croire au juste.
En fait, les affrontements au Tchad ont pris une nouvelle forme. Celle de la guérilla. Et pour s’en convaincre, il suffit de s’en référer à la déclaration d’Acheickh Ibni Oumar à Radio France International: « Nous avons décidé de ne pas combattre en ville afin de ne pas exposer la population civile ». En clair la ville en elle-même n’a pas été investie et le Gouvernement a bon dos de dire qu’elle contrôle toujours la ville. On assiste donc à ce partage: Aux rebelles les alentours de la ville et aux forces légalistes le confinement dans la ville. Point besoin d’être un stratège militaire ou économique pour savoir qu’une telle situation à terme coûtera une ardoise bien salée au Gouvernement qui devra, compte tenu du relief hostile de la région, mobiliser de plus en plus de moyens logistiques pour assurer la survie de ses troupes et des populations civiles. Ce qui, l’on en doute bien aura des répercussions certaines sur la politique sociale prônée par le gouvernement au lendemain de la brillante réélection du Président Idriss Deby Itno. Et il ne pourrait en être autrement car ce n’est pas avec une politique de guerre que l’on peut faire une politique sociale.
Une fois de plus, les tchadiens ne verront pas leur quotidien changer, mieux il risque d’aller en s’empirant si le Président de la République persiste dans sa logique de guerre. Il n’est pourtant pas encore tard. Il suffirait que le pouvoir en place accepte d’ouvrir ce dialogue national réclamé à cor et cri par tous les tchadiens épris de paix et de justice pour que l’avenir du Tchad s’éclaircisse.
Il n’y a pas d’autre solution car on ne peut pas vouloir le beurre et l’argent du beurre
La Rédaction
L’Observateur du 25 octobre 2006