Editorial : Que faire? – Notre Temps N° 274 du 24 au 30 octobre 2006

Le ministre, porte parole du gouvernement trébuche sur les mots, s’enfourche la langue et perd sa morgue habituelle.

Oui, non… les rebelles soudanais du MJE soutiennent le gouvernement tchadien contre les rebelles Tchadiens de Mahamat Nour. L’armée Tchadienne est-elle désarmée face à la force de frappe des rebelles ou point de recourir à des forces étrangères? Y a-t-il, comme les rebelles du soudan tentent très clairement de le faire comprendre, une affaire Zaghawa contre Djandjawid donc Arabe soudano-tchadien contre Zaghawa soudano-tchadien? Khalil, une voix autorisée, a-t-il enfin réussi à dire plus haut et plus fort ce que nous avons tout le temps écrit avec force et conviction mais qui n’a peut être pas eu la portée des paroles de cet homme, fabrication du régime de N’Djamena et maintenant allié avoué?

L’évidence, c’est que les Tchadiens sont embarqués dans une guerre, dans un conflit transnational fomenté par un clan! En tout cas, la situation est très, très préoccupante et dans ce jeu de « je te tiens » la réciprocité entre les frères guerriers est avérée et la complicité n’est plus à démontrer… Mais le jeu est dangereux. Le spectre d’une explosion de la sous région est sérieuse car la pieuvre libératrice œuvre insidieusement au-delà des frontières soudano-tchadiennes jusqu’en RCA où elle a réussi à créer un Nord instable dans une région des plus pacifiques. Bush, évoquant l’Irak, la Corée et l’Iran, parle de l’axe du mal.

Notre axe du mal, au Tchad, se confond à des individus ou à des groupes d’individus, incarnation de la médiocrité et de l’anarchie. Déby, son clan, le Mps et leurs émules outre frontières que sont Bozizé et Khalil. Le plus grave, c’est le syndrome Rwandais qui plane sur toute la sous-région. Ici, il ne s’agira pas d’un génocide mais de plusieurs génocides: celui des zaghawa des Fur et des Massalits par les Djandjawids celui des Tchadiens par les Zaghawas qui embrigadent par fournées humaines de jeunes non entraînés, de jeunes destinés à être la chair à canon d’une guerre absurde; celui des tchadiens pillards contre les Centrafricains.

Que faire? Les rapports du Collège de contrôle des ressources pétrolières et ceux du ministère de la Moralisation se recoupent ! Les Tchadiens sont victimes d’une farce monumentale qui consiste à leur faire croire que les ressources pétrolières sont gérées dans une transparence et dans un souci premier de leur bien être. Secteurs prioritaires et régions prioritaires sont sous coupe réglée. Déby et ses sbires du Mps contrôlent tout. Les chantiers béent; à peine entamés, mal achevés, lézardant ou fantômes. Tout est à l’image très illustrative des rues et avenues de N’Djaména construites à coût de centaines de milliards pour une longévité éphémère. La stratégie de réduction de la pauvreté, avec l’argent du pétrole comme avec l’argent du coton et de la viande consiste à tout faire pour faire semblant ne rien faire afin de tout se mettre dans la poche. Résultats : chacun des membres du clan fête ses milliards, les apparatchiks du Mps leurs millions et les Tchadiens n’ont que leurs larmes pour pleurer à cause de la fumée du pétrole lampant ou du feu de bois à l’ère pétrolière.

Que faire quand les intellectuels se taisent, complices, coupables ou lâches? Que faire quand devant l’évidence d’un drame programmé la France se fie aux Berçoteries d’un bidasse?

Nadjikimo Bénoudjita
Notre Temps N° 274 du 24 au 30 octobre 2006


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