Le MPS est interpellé: Après la victoire, la responsabilité! – Le Progrès N° 1962 du 18 mai 2006

«On a gagné !» ont scandé les militants du Mouvement Patriotique du Salut et leurs alliés, juste après la proclamation des résultats provi­soires par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Si la victoire, dès le pre­mier tour, du candidat Idriss Déby Itno vient à être confirmée (même avec des réajustements possibles) par le Conseil constitutionnel, le 28 mai, le parti qui est au pouvoir depuis près de seize ans aura à gérer encore le pays durant cinq années à venir.

L’attente des populations est grande

D’habitude, après une élection présidentielle, il y a une période de grâce de quelques mois accordée à l’heureux élu. Mais, au Tchad, dans le contexte actuel, aucune largesse n’est pos­sible, tant les dossiers qui attendent les gou­vernants sont nombreux. Tellement nombreux que toute la campagne a été occupée par les sujets brûlants de l’heure, la menace des rebelles et les tensions de trésorerie. L’élection s’est déroulée dans un climat de tension politi­co-militaire, accentuée par une mésentente avec un partenaire financier de taille, la Banque mondiale. Si un début de solution est trouvé avec cette dernière, le problème politico-militai­re reste intact, sinon plus persistant avec les regroupements à l’Est et le soutien, de plus en plus accru, de notre voisin de l’Est. Les syndi­cats, avec leurs légitimes et sempiternelles revendications, n’observent, pour le moment, qu’une pause. L’assainissement des finances publiques n’est qu’à ses débuts avec quelques arrestations des responsables présumés auteurs de malversations. Plus que tout, l’at­tente des populations du Tchad profond est grande. Prises en tenailles entre une pauvreté extrême et, souvent, des responsables militaro-­administratifs peu respectueux des droits de l’Homme, ces populations espèrent un meilleur traitement. La création d’un ministère des droits de l’Homme semble une solution, mais les résultats ne sont pas encore perceptibles. Au lieu d’enfermer le chef de l’Etat dans l’ignoran­ce de certains problèmes réels de la population avec du folklore et autres motions de soutien, ses conseillers et autres zélés militants doivent analyser les résultats et décrypter les mes­sages des derniers rebondissements politico-­militaires pour trouver des solutions.

Le pays manque beaucoup de courage

Il n’y a pas longtemps, le président de l’Assemblée nationale, M. Nassour Guélengdouksia Ouaïdou, disait, après un dis­cours critique de l’action du gouvernement, que le pays manque beaucoup de courage. Or, nos politiciens doivent savoir que ce courage poli­tique n’est pas forcément nuisible. En politique, il faut oser, du moins, poser le problème. Lors du congrès du parti et après une élection sur­tout, les aspirations de la base doivent être analysées sans complaisance et les résultats doivent être acheminés aux décideurs pour rec­tifier les tirs. A toutes les attentes, le MPS doit trouver des réponses, rapidement. Car, avec les rebellions qui se créent, la récupération des mécontentements est plus facile. Concernant l’opposition politique légale, si, par le passé, ses inconséquences et incohérences ont fait la force du MPS, il est à noter, depuis un certain temps, qu’elle a changé de stratégie. Le MPS doit, donc, faire en sorte que cette cohésion trouvée de l’opposition ne se transforme pas en une union capable de menacer les acquis populaires du parti majoritaire. Ignorer cela, c’est se placer dans une logique autre que démocratique. Or, le pays a tellement avancé dans le domaine de la démocratie que, la moindre tergiversation braque les citoyens. Après la victoire, ce n’est donc pas le réconfort, mais l’effort! Le chef de l’Etat a dit, le dimanche dernier, «demain, c’est le travail » Après la victoire, c’est donc surtout la respon­sabilité!

Béchir Issa Hamidi
Le Progrès N° 1962 du 18 mai 2006


Commentaires sur facebook