Les caniveaux sont bouchés par les immondices: Des maisons s’écroulent et tuent – Le Progrès N° 1965 du 23 mai 2006

La saison des pluies fait déjà ses premières vic­times. Après les précipitations sporadiques que la capitale a enregistrées, il y a quelques trois semaines, N’Djaména vient d’être arrosée, à nouveau, par une pluie plus ou moins importan­te, ce dimanche 21 mai 2006. Dans certains quartiers de la capitale, la pluie a occasionné des dégâts considérables.

Par exemple, à Amsinéné, dans le premier arrondissement, deux enfants ont trouvé la mort suite à des écroulements de maisons. Une femme s’est retrouvée avec un pied fracturé. On dénombre, également, plusieurs toits de maisons emportés par le vent. A Madjorio et Djougoulé, non urbani­sés, sans caniveaux, on parle de cinq morts. A Milezi, entre autres, le toit de l’orphelinat sont détruits. Vers le nord de la capitale, une tornade a accompagné la pluie. Ce qui a provoqué la destruction des toits de maisons. Les dégâts ris­quent d’être plus sérieux à l’avenir. Jusque-là, les caniveaux ne sont pas curés. Plusieurs rues sont déjà inondées. Beaucoup de maisons sont menacées d’écroulements. N’Djaména vit aussi une situation d’insalubrité insupportable. La sai­son des pluies aidant, certains coins, même très proches des marchés, où sont exposés des den­rées alimentaires, dégagent des odeurs répu­gnantes. Les commerçants et les mouches se disputent des places. Derrière l’école officielle de Dembé, juste à côté du parc automobile, des déchets ménagers, des excréments d’humains et d’animaux s’amoncellent comme les monti­cules d’immondices qui bordent le grand canal traversant les quartiers Paris-Congo et Ardep­ Djoumal. Les quelques arbres au tronc noirci permettent à certains, qui tiennent encore à un minimum de pudeur, de se soustraire à d’éven­tuels regards indiscrets pour se soulager. De grosses mouches noires ou vertes accueillent l’intrus. Des effluves d’odeurs de fermentation d’excréments humains en particulier, s’infiltrent dans les narines, vous arrachant de la bouche un crachat à l’immédiat. La forêt de Dembé, qui est en réalité un bosquet d’au moins une centaine de nimiers, est devenu un véritable dépotoir. Il est pollué par un mélange d’odeurs de résidus de poisson et de corps d’animaux en décomposition. C’est un grand WC à ciel ouvert. Les eaux des pluies, chargées de telles immondices commencent à déferler dans les caniveaux déjà bloqués par les saletés. Les N’Djaménois des quartiers moins nantis pataugent dans cette gadoue appelée eaux de ruissellement ou eaux d’inondation. Ces eaux stagnent dans certaines rues, ruelles et devantures de maisons. Certaines rues, à l’exemple de l’avenue El Nimeiry, qui se trouve déjà dans un état de dégradation persistante, sont impraticables. La plupart des caniveaux sont bouchés par des ordures. Souvent ils sont engloutis par la terre ou sont plus bas que le niveau des canaux où ils doivent se déverser. Les eaux sales deviennent des gîtes larvaires, favorables au développement très accéléré des moustiques et, au-delà, du paludisme. Il y a aussi risque de développement des maladies hydriques comme le choléra, la typhoïde, les amibes et bien d’autres. Malgré les multiples sensibilisations, certains N’Djaménois préfèrent déposer les déchets ménagers dans les caniveaux que dans les cloaques à ordure construits par la municipalité. Cela empêche l’écoulement des eaux. «On accuse la mairie. Plusieurs citadins se livrent à l’incivisme. Ce qui ne favorise nullement le travail optimal de nos services. Parlant de l’insalubrité, disons que 80 à 90% des N’Djaménois n’ont pas la culture urbaine», affirme un chef de service de la mairie de N’Djaména.

Ahmat Adoium et Abel Nayalta Tossi
Le Progrès N° 1965 du 23 mai 2006


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