Les greffiers se révèlent meilleurs grévistes==Le Progrès N° 1976 du 7 juin 2006==
Le débrayage de PUST handicape la justice
Le mot d’ordre de grève d’une semaine renou¬velable, lancé par l’Union des Syndicats du Tchad (UST), à compter d’hier, lundi 5 juin 2006, pour revendiquer l’application de l’aug¬mentation générale de salaire de 5 %, avec un rappel à partir de janvier 2006, est suivi diver¬sement dans différentes structures administra¬tives de la capitale. Dans les provinces, elle n’est même pas ressentie, nous informe-t-on. A N’Djaména, au palais du gouvernement, les dif¬férents ministères qui y sont logés fonctionnent comme si de rien n’était.
Les parkings d’auto¬mobiles et de motocyclettes sont pleins. Un tour dans les locaux du ministère de la Fonction publique attire l’attention du visiteur. A la porte 16, où sont entassés, ce lundi, les dos¬siers en instance d’intégration dans la Fonction publique, les diplômés sans emplois se bous¬culent. Juste à côté, à la porte 17, ils sont enco¬re plus nombreux, malgré ce message affiché à l’entrée : «Le directeur ne reçoit qu’à partir de 10 heures et sur rendez-vous. Inutile d’insis¬ter.» Le parking du Building de Sabangali, qui abrite les structures de trois ministères au moins (Education nationale, Enseignement supérieur et Jeunesse et Sports) est occupé comme d’habitude. Chacun vaque normale¬ment à ses occupations. Secrétaires et chefs des services, de personnel sont à leurs postes. D’autres travailleurs s’activent à leurs tâches. Aux ministères de la Communication et de la Culture, du Commerce et de l’Artisanat, et au secrétariat général du Gouvernement, etc., tout le monde est à son poste. Sauf le couloir du ministère de la Justice semble plus calme.. Cela s’explique, d’après un fonctionnaire de la chancellerie, «par la grève des greffiers dont le syndicat (Syndicat National du Personnel des Greffes) est affilié à l’UST.» Cette grève de l’UST, suivie par le SYNAPGREF, a eu des répercussions sur les audiences au Palais de Justice de N’Djaména. Le lundi 5, juin 2006, toutes les audiences n’ont pu se tenir parce que les greffiers ont refusé de prendre le plu¬mitif après leur assemblée générale tenue le même jour. Le lundi, ils ne sont pas visibles en siège. Une partie de ces greffiers travaillant au ministère de la Justice a refusé aussi de se rendre hier matin à ses bureaux.
Si rien n’est fait, la grève de l’UST devra prendre, à partir du lundi 12 juin prochain, une allure sèche et illimitée. Actuellement, un service minimum est assuré dans les hôpitaux. L’Hôpital Général de Référence Nationale (HGRN), l’hôpital de la Liberté, l’hôpital l’Union de Chagoua, l’hôpital de la Paix, ainsi que la Société Moderne des Abattoirs à Farcha. Les médias publics (RNT, ATP et TVT), poursuivent leurs activités. Le journal parlé de la RNT respecte son temps normal. Un employé de la TVT dit ignorer même le début de la grève. Il confirme qu’il n’y a aucun changement dans le program¬me.
Le personnel travaille sans relâche
Dans les grands hôpitaux, même avec un service minimum, les personnes hospitalisées sont prises en charge comme par le passé. Les femmes à terme de grossesse ou avec bébés malades sont reçues. Le personnel de garde travaille sans relâche, à l’hôpital L’Union de Chagoua et au pavillon des urgences de l’HGRN. Mais, l’hôpital Assiam Vantou est her¬métiquement fermé. La sentinelle indique une mention sur la porte : «ll n’y a pas de travail. Le personnel est en grève». Du côté de la centrale syndicale, le comité de suivi de la grève estime que le mot d’ordre est suivi à 75%. «Pour un début, nous pouvons dire que c’est appréciable. Notre mouvement est bien suivi», note la prési¬dente du comité, Rachel Ndoukolngone Naty. Elle précise que la grève ne concerne que les services publics. Le secteur privé a fonctionné normalement. Les entreprises, sociétés de production et de fabri¬cation de la capitale n’en¬visagent pas entrer en grève. Malgré, leur affiliation à l’UST, certains délégués de per¬sonnel interrogés craignent des défi¬cits pour leurs entreprises. La centrale prévoit une grève sèche pour tous ses affiliés. Pourtant, certains militants ne semblent pas se retrouver dans ces grèves répétitives. A chaque appel de cessation de travail, les militants sui¬vent le mouvement diversement. L’unanimité n’apparaît pas dans les activités de la centrale syndicale, qui taxe le gouvernement de n’être pas attentif aux revendications et aux souf¬frances des travailleurs. La présidente du comité de suivi, Rachel Ndoukolngone Naty, estime, pourtant, que seule la grève peut amener le gouvernement à prendre au sérieux leurs préoccupations. Elle affirme que, dans les deux jours, la centrale aura l’échos du mouvement des travailleurs des provinces.
Ignorer la grève
Mais, à Bongor, les travailleurs ont appris, le lundi même, que l’UST a appelé à une grève générale dans le secteur public. A Moundou, beaucoup de citoyens contactés disent ignorer même la grève. Ils témoignent qu’il n’y a rien qui s’apparente à une grève dans la capitale économique. A Abéché, les activités se poursuivent normalement, malgré que les gens sont bien informés de la grève. Le secrétaire général adjoint de l’UST M. François Djondang, reconnaît, sur les ondes de la Radio Tchad, qu’après un relâchement, le redémarrage d’une grève ne peut pas aussitôt être une grande réussite. Mais, jusqu’à hier mardi, la tendance n’a pas changé.
G.N.S.N – B.A. et A.H.D. – Le Progrès N° 1976 du 7 juin 2006