Le SYNATEL transmet son rejet au chef de l’Etat – Le Progrès N° 1974 du 5 juin 2006

La cogestion de SOTEL est contestée

« On responsabilise les gens sans critère », lance un syndicaliste. «Des gens qui ne sont pas à la hauteur de leurs tâches. Et, c’est ce qui pose des problèmes à la SOTEL », renchérit un délégué de personnel des télécommunications du public.

D’accord pour un redressement général, et, conformément aux instructions du chef de l’Etat que leur a transmises le ministre de tutelle, les travailleurs du secteur se démarquent, par contre, de la procédure adoptée actuellement. Dans leur «recherche de transparence », ils contestent, principalement, le comité de cogestion de la Société des Télécommunications du Tchad (SOTEL Tchad) et sa prochaine filiale, MOBIL SOTEL, mis sur place par décret présidentiel, le 9 mai 2006. Réunis en assemblée générale, le vendredi 2 juin 2006, les militants du Syndicat National des Télécommuniquants (SYNATEL) s’insurgent contre ce décret instituant la cogérance ainsi que la nomination de son président. D’abord, pour eux, il faudrait plutôt chercher un ou plusieurs partenaires stratégiques, de références internationales, capables de jouer efficacement le rôle de redressement. Par ailleurs, «il ne manque pas de structures très efficaces dans l’Administration tchadienne pour gérer ses propres ressources, peut-être la volonté en manque.». D’après le SYNATEL, la nomination du Français Frendo comme président du comité de cogestion, en même temps gestionnaire national des fréquences, s’est faite en violation des textes. Le syndicat estime que, la position de M. Frendo, commerçant et, de ce fait, l’un des fournisseurs qui imposent leurs équipements obsolètes à SOTEL Tchad, ne lui permet pas, conformément aux lois sur les télécommunications, d’être membre de la cogérance. « lui confier gestion, il devient juge et partie ».

Le SYNATEL trouve aussi que, en tant que directeur général de l’Office Tchadien de Régulation des Télécommunications (OTRT), la loi n’autorise pas à M. Abakar Sougui d’être aussi membre du comité de cogestion. Il mentionne, par ailleurs, qu’il «serait difficile, sinon impossible» que cet ancien directeur général de la SOTEL Tchad puisse contribuer au redressement de l’entreprise.

«Nous nous demandons si notre ministre a déjà épuisé toutes les possibilités qui sont offertes pour le redressement de SOTEL Tchad? Le conseil d’administration ne répond-il plus à ses attentes? N’est-ce pas la privatisation de la SOTEL qui commence à annoncer ses couleurs ?», interroge le SYNATEL. « Pour notre part, ce décret instituant le comité de cogestion est contraire aux textes en vigueur. Car, cet organe n’a été prévu nulle part. Nous estimons que vous n’aviez jamais eu la vraie version des difficultés que rencontre SOTEL Tchad. En un mot, SOTEL Tchad souffre d’un problème de gestion. L’impunité est le véritable mot qui mine la société. Et, ce n’est pas en confiant sa gestion à ce comité qu’il y aura redressement», indiquent les travailleurs, au chef de l’Etat Idriss Déby Itno, dans leur note adressée par l’entremise de la secrétaire générale de leur syndicat, Khalié Madeleine Abbas. Les travailleurs de la SOTEL alertent le chef de l’Etat: « notre société est encore viable et sur un terrain très vierge.»

Entre-temps, du fait que le conseil d’administration de l’entreprise même n’a pas été associé à la mise en place du comité de gestion, les travailleurs craignent d’être «surpris un jour par une liste de compression, vu tout ce qui se passe»,
Des personnes qui font n’importe quoi.

Un septuagénaire, travaillant pour la SOTEl Tchad, depuis sa mise en place au lendemain de l’indépendance, semble plus préoccupé. Faisant l’historique de l’existence de SOTEL, il déclare que, «ce sont des personnes qui ne connaissent pas bien la maison qui en font n’importe quoi». Il demande des états généraux des télécommunications. Si l’on en croit le SYNATEl, la filiale MOBIL SOTEL, qui verra le jour au Tchad, sera desservie à partir de la centrale ORANGE du Cameroun. «Nous voulons notre centrale à nous !» réclament les travailleurs. Un militant de SYNATEL demande d’écrire à l’Assemblée nationale pour faire interpeller le ministre des Postes et des Nouvelles Technologies de la Communication pour éclairer la population sur les problèmes qui minent la SOTEL Tchad.

E.R
Le Progrès N° 1974 du 5 juin 2006


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