Grogne à l’Université de N’Djaména: Une année académique en perte – Le Progrès N° 1981 du 14 juin 2006

Le climat est morose dans les facultés d’Ardep-Djoumbal, ce mardi 13 juin 2006 matin. Au département de Droit et de Gestion de l’Université de N’Djaména, les étudiants sont partagés entre l’indignation, la peur de reprendre l’année académique et la déception.

L’air abat­tus, leurs regards se font mena­çants à la vue de leurs ensei­gnants. Murmures de diatribes de toute part. «Ils sont macabres, surtout, pour le département de Droit et Gestion», marmonne un étudiant, visiblement affecté. Les résultats des examens de la pre­mière session viennent d’être pro­clamés. Onze étudiants sont déclarés définitivement admis en deuxième année sur un total de plus de 400 en première année de Droit. C’est pareil en deuxième et troisième années, et, pire au département de Gestion. Lors d’une assemblée générale tenue hier, mardi 13 juin 2006, au sein de la faculté de Droit et Techniques Juridiques, les étu­diants se peinent à comprendre la situation. «On se demande si les étudiants tchadiens sont aussi paresseux comme on veut nous faire croire?», se demande le pré­sident du bureau collégial des étu­diants, Serge Ouambi Lyakba.

Si les résultats sont ainsi, cela veut dire que le message des ensei­gnants ne passe pas. Ils doivent se remettre en cause, s’explique-­t-il. «Nous allons faire un martyr parmi les enseignants cette année», lâche une étudiante. Un étudiant aurait apporté une machette pour en finir avec son enseignant du département de Gestion, mais, il en serait dissua­dé par ses amis, confie un autre étudiant. A leur assemblée géné­rale, les étudiants font un compte rendu de leur rencontre, de fin mai dernier, avec le ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Formation Professionnelle, doc­teur Oumar Idriss Af-Farouk. D’après Serge Ouambi Lyakba, le ministre leur a pro­mis la réhabilitation de l’Union Nationale des Etudiants Tchadiens (UNET), d’ici à la prochaine rentrée académique d’octobre. D’après lui, le ministre a dit que l’année acadé­mique 2005-2006 sera blanche. L’année acadé­mique 2004-2005, commencée depuis 16 mois, tarde à finir.

Le ministre aurait évoqué aussi la possibilité de l’in­demnisation des étudiants de tous les niveaux et ceux qui passent nouvel­lement en deuxiè­me année, pour le préjudice moral subi pour l’année perdue. La bour­se de l’année perdue est budgéti­sée, c’est un droit acquis, souligne Serge Ouambi Lyakba. Concernant les grèves à répétition des enseignants membres du Syndicat National des Enseignants et Chercheurs du Supérieur (SYNECS), Serge Ouambi Lyakba renseigne que, le doyen de la faculté de Droit et Sciences Economiques, M. Benjamin Djikoloum, rassure de la disponibilité de tous les ensei­gnants à vouloir finir avec les secondes sessions immédiate­ment. Le SYNECS semble accep­ter cette proposition. Du côté des étudiants, on indique qu’il faut que les enseignants travaillent avant de revendiquer, chaque fois, de l’argent.

Le bureau collégial des étudiants des facultés d’Ardep-Djoumbal a annoncé, à l’assemblée générale d’hier, la création, au sein de l’uni­versité, de la Manifestation Culturelle et Sportive. La MACUS se tiendra en une semaine, chaque année, et s’intéressera aux actions contre le Vih-sida dans le milieu estudiantin. D’après Serge Ouambi Lyakaba, si on pro­cède au test de dépistage à l’Université de N’Djaména, le nombre des étudiants porteurs du Vih-sida sera élevé. D’ou la nécessité, dit-il, de sensibiliser les étudiants à travers des projections de films, manifestations sportives, etc.

Evariste Romnelem
Le Progrès N° 1981 du 14 juin 2006


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