La politique paie ses délégués/Kascou: 250 francs par délégué – Le Miroir N° 045 du 15 mai 2006
Au lendemain des élections présidentielles du 3 mai dernier, les délégués représentant le Viva/Rndp dans les différents bureaux de vote de la ville de N’Djaména, se sont rassemblés devant le domicile de Kascou pour toucher leur perdiem suite aux travaux qu’ils ont effectués dans les bureaux de vote. Ces derniers ont attendu de bonnes heures avant d’être reçu par leur président. En bon politologue, Kascou a distillé, en quelques minutes, un petit speech dans lequel il a félicité, remercié et encouragé ses délégués. Après le speech, les délégués ont reçu en récompense de leur labeur une « enveloppe » de 250 Fcfa chacun.
Sur le champ, certains délégués ont protesté de manière énergique. « Nous avons travaillé dans la soif et la faim en bravant une multitude d’intimidations de la part des hommes en tenues. Et notre président nous traite comme des mendiants. De nos jours, qui peut se nourrir avec 250 F ? », déclare l’un des délégués. Mais, Docteur Kascou n’est pas passé par le dos de la cuillère pour leur faire comprendre que la santé du pays vaut mille fois que l’argent. Pour lui, il serait judicieux que quiconque consentît des sacrifices pour le pays. Consciemment, comment peut-on rémunérer une personne qui a travaillé toute la journée? Kascou a-t-il bien réfléchi? Que se cache derrière ce comportement de Kascou qui prétend être le président de la République? Ce comportement prouve à suffisance que combien de fois certaines personnes attendent être au gouvernement pour s’enrichir et non d’être au service des citoyens.
Par ailleurs, Kascou n’est pas le seul candidat à payer ses délégués en monnaie de singe. Même, son dévoué élève du « Coq blanc », Padacket a fait pareille mais avec une différence de 500 Fcfa après être pris en otage, lui et sa femme par les délégués. Rappelons que lors de l’attaque de N’Djaména par les éléments du Front Uni pour le Changement Démocratique (Fucd), le coq blanc n’est pas passé par quatre chemins pour se retrouver de l’autre côté du Logone. Pourtant, il tient vaille que vaille à diriger le pays. Eh bien, comment ce genre de personnes vont-elles se prendre pour payer les fonctionnaires lorsqu’elles seront élues à la magistrature suprême?
M. Eloi
Le Miroir N° 045 du 15 mai 2006